Improbable : seule en tête du marathon de Cheverny par agnès HERVE



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Marathon de Cheverny en DUO (relais), Cheverny (41), 22,2 kms + 20 kmspar Agnès HERVE, notes de Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Poli

13Tut tut tut tut tut tut. 30 secondes plus tard « tut tut tut tut tut…. wroooum wrooooum tut tut tut tut clap clap clap » – applaudissements ! – « wrooooum wroooum tut tut tut tut clap clap clap », « Allez Agnès ! Allez Agnès ! » – NDLR ne vous méprenez pas ce n’est pas lié à ma grande notoriété mais au prénom qui est écrit sur le dossard – « Super ! Bravo ! » Voilà un résumé de mes 5 premiers kilomètres au marathon de Cheverny que nous faisons en relais avec Jonathan. Les « tut tut tut » étant les coups de klaxon de la voiture ouvreuse du marathon, coups de klaxons qui se répétaient toutes les 30 secondes juste devant moi, les « wrooum wrooum », le doux ronronnement de la moto accompagnatrice de la tête de course et les « clap clap clap », les applaudissements des nombreux spectateurs présents le long de cette interminable ligne droite de 5,5 kilomètres en faux plat montant tantôt sur route, tantôt sur chemin. Seule en tête du marathon de Cheverny : le truc juste improbable !

NDJ : Improbable, improbable, sympa la fille !!! Je l’avais quand même prévenue que j’allais revenir en tête après le premier relais… Après 22.5kms de course, je lui donne le relais en tête. Je reste à l’endroit du changement de relayeur pour voir l’écart avec les suivants : 6’30 d’avance sur la seconde équipe mixte, et 8’30 d’avance sur la première équipe masculine.

C’est assez déroutant, limite très gênant. Le hold-up ! Forcément, je me dois de saluer tous ces spectateurs et bénévoles qui m’acclament et applaudissent même si je sais que certains ne savent pas que je viens juste de prendre le relais et que je ne ferai, ce jour, que 20 kilomètres et des brouettes. Quelques petits signes de la main, donc, pour les remercier de leurs applaudissements, grands sourires et encouragements. C’est à la fois euphorisant, gênant et déconcertant, et il est difficile de se concentrer sur son allure. Surtout qu’en plus, je ne suis pas dans la plus grande forme du siècle aujourd’hui.

15NDJ : Ça c’est le moins que l’on puisse dire ! Ça fait deux jours que c’est compliqué pour elle de courir avec des petits problèmes mensuels réservés aux femmes. On savait que ce ne serait pas une partie de plaisir pour elle cette course, mais bon ça rentre dans le cadre de sa préparation, alors des fois il faut bien se faire un peu mal…

Et 5 kilomètres, seule devant comme ça, c’est vraiment long.

NDJ : Ça fait du bien de découvrir des nouvelles sensations en course et de voir ce que c’est que d’être en tête de course :)

310Beaucoup de pensées me traversent l’esprit : me cacher derrière un arbre pour attendre qu’on me reprenne, dire à tout le monde que je ne fais que le semi et que c’est la faute de mon chéri si je me retrouve dans cette position inconfortable, me mettre à espérer que si personne ne me rattrape on va pouvoir remporter le duo avec Jonathan même si sur le papier cela nous semble compliqué. – NDLR : Jo a concocté un petit fichier avec les forces en présence en essayant de reconstituer les équipes potentielles (il n’y a que les noms des coureurs indépendamment l’un de l’autre sur la liste des inscrits) et avec leurs chronos références sur 10 kms et semi. –  Le truc qui ne te met pas la pression déjà avant la course !

Bref, je ne suis pas bien à l’aise et j’ai du mal à profiter de la course ainsi. D’un coup, je vois la voiture prendre un peu de vitesse et j’entends ses klaxons se faire plus lointains. La moto qui m’accompagnait jusque-là profite d’une petite portion de bitume pour me dépasser sans faire un tas de poussière : un grand merci à Ludovic DUBREUCQ, le futur vainqueur du marathon, de m’avoir sortie de ce traquenard en me dépassant après ces 5 premiers kilomètres de course !

Une autre course commence : une course contre-la-montre ! Car si je rêvais de me faire rattraper par Ludovic que je savais en embuscade 3 minutes derrière Jo au passage de relais, je comptais bien ne pas me laisser rattraper comme cela par Stéphane GERAY qui constitue le second relayeur de l’équipe que nous redoutons le plus.

NDJ : En effet, Stéphane a réalisé l’an dernier un 33:52 sur 10km, ce qui vaut environ 1:15 sur semi. Ça veut dire que sur les 20kms qu’ils doivent courir Agnès et lui, il peut lui reprendre environ 30sec au kilo si Agnès est dans un bon jour. Autrement dit, ça s’annonce pas très bien avec seulement 8’30 d’avance au départ…

Du coup, je me reconcentre sur mes allures et sur ma foulée. Après un virage à droite sur un chemin bien caillouteux, on amorce une longue ligne droite sur une route en faux-plat descendant : ça fait du bien ! Au 11ème kilomètre, Jonathan est sur le côté de la route et m’encourage. Il me dit que derrière ça va au même rythme que moi, mais je ne le crois guère vu les références de Stéphane…

14NDJ : Après avoir regardé passer les autres équipes au point de relais, je suis parti faire mon décrassage en sens inverse du parcours, pour voir passer Agnès au km33. Elle a encore une belle foulée, mais elle me dit que ça commence à devenir dur. Pour la rassurer, je lui dit qu’elle avance exactement au même rythme que la fille du relais suivant. Je ne parlais bien sur pas de Stéphane !

Je commence à avoir bien chaud avec ces premières chaleurs printanières
et les jambes déjà pas au top au départ se durcissent de plus en plus. Alors, quand le gentil monsieur sur la moto me dit à 8 kilomètres de l’arrivée : « Ils sont à 3’15’’ » – NDLR : je sais maintenant qu’e
n plus il s’était laissé embobiner par Jo qui lui avait demandé de rajouter 30 secondes à l’écart réel pour ne pas me saper le moral… – je sais que c’est presque mission impossible pour moi. Pourtant, malgré le vent pleine face, mes jambes bien dures et une route pas très roulante, j’essaie de relancer tant que je peux… et même de sourire au photographe présent à cet endroit-là !

NDJ : En effet, j’ai demandé au motard qui prenait les écarts de rajouter un peu de temps quand il allait annoncer à Agnès l’écart avec le second, pour qu’elle y croit encore, et qu’elle donne tout jusqu’à la fin. Mais avec seulement 2’50 d’avance à 8kms de l’arrivée, je savais déjà que ça n’allait pas le faire ! Je vois déjà Agnès désolée de se faire doubler en train de s’excuser à l’arrivée :) alors que je suis tellement fier d’elle !

Le coup de glas arrive lors de la traversée de la cave : j’en ressors alors que mes deux poursuivants s’apprêtent à y rentrer… Ma fin est proche, je le sais. Je suis tellement occise que je n’ai même pas remarqué le ravitaillement gastronomique qui suit au 38ème kilomètre. J’entends encore un spectateur qui me dit « C’est bien, tu résistes bien, t’es toujours en tête il reste 4 kilomètres. » mais il n’a pas encore vu mes deux poursuivants.

En effet, il ne faudra plus qu’une petite minute à Stéphane pour me dépasser après ça. Très gentiment, il m’encourage. Le second coureur me dépasse un peu plus tard. Il s’agit du second du marathon. C’est vraiment compliqué pour moi à ce moment : j’ai des grosses douleurs dans mes jambes. Pour autant, je ne veux absolument conserver cette seconde place. Je suis déjà déçue de ne pas avoir pu rester en tête alors… 39ème… plus que 3 ! 40ème : plus que 2 !

01Et c’est le moment de retrouver Jonathan pour reconstituer notre duo et faire ces 1,3 derniers kilomètres ensemble comme prévu sur le marathon DUO par l’organisation. Je m’excuse de ne rien avoir pu faire aujourd’hui. On savait tous les deux que ce serait compliqué pour moi avec ces jambes-là ;) Mais on est quand même déçus ;) Je demande à Jo si on a beaucoup d’avance sur la troisième équipe qui est une équipe mixte : il me dit qu’il va se retourner dans le prochain virage. Et là, alors que je suis cuite, il me dit qu’ils sont juste derrière !

NDJ : Pour la fin du marathon en duo, on avait le droit de courir avec son duo sur le dernier kilo. Du coup, je pars en sens inverse chercher Agnès. En croisant Stéphane, il m’annonce presque gêné que ça y est, il est passé et que ça devient dur pour ma chérie ! Bon ça c’était prévu, mais là il ne reste plus que 1,5km. La fin de course est un vrai calvaire pour elle, mais elle s’accroche et fini au courage. Quand je dis qu’ils sont juste derrière, c’est que je vois le mec de l’équipe suivante courir 500m derrière. Mais en fait c’était une fausse alerte, il n’avait pas encore récupéré sa coéquipière :)

Au mental, je relance, pour passer de 4’21 au kilo à 4’15. Je ne veux juste pas me faire doubler si près de l’arrivée. On passe devant l’entrée du château. Il reste 200m avant le tapis rouge. Cette fois, c’est bon, je ne me ferais pas reprendre et on peut profiter de notre arrivée main dans la main… La tête tourne et je ne sais plus trop où je suis. L’équipe duo gagnante vient, très gentiment, nous féliciter mais je n’arrive pas trop à parler, mille excuses. Et je terminerais en « piquant » le siège d’un bénévole qui coupe les puces des chaussures avec une c03ouverture de survie autour de moi et en répondant aux questions du gentil journaliste qui me demande si c’est bien moi qui ait un magasin de sport à Paris et comment j’ai trouvé la course ! « Stressante, c’est ça d’avoir un chéri qui court vite ! »

NDJ : Bon c’est là où j’ai regretté de l’avoir fait un peu trop forcer juste avant. Comme souvent lorsqu’elle se donne à fond, le malaise n’est jamais loin. Heureusement, les secours sont réactifs et viennent nous aider pour l’amener se ravitailler en coca et lui passer une couverture de survie. Malgré tous ses déboires, Agnès n’aura perdu que 9’40 sur Stéphane, soit moins de 30sec au kilo. C’est quand même une sacrée perf et je dois dire que je suis super fier d’elle quand je vois le peu d’entrainement qu’elle a depuis la reprise en janvier et le fait que la sciatique n’est pas encore finie !

Voilà pour ce qui fut une course très spéciale en duo avec mon futur mari sur un circuit bien sympathique avec des bénévoles et des spectateurs extras ! Certes, mon cavalier seul en tête du marathon de Cheverny a fait moins de bruit que les 600 premiers mètres d’Alexis ce même dimanche en tête du marathon de Paris, mais je m’en rappellerais longtemps !

A peine remise de mes émotions, direction la voiture, toute grelottante et emmitouflée dans ma couverture de survie malgré les 25 degrés du jour, je m’empresse de fouiller dans mon sac pour trouver mon portable. C’est que pendant que je faisais la « plaisantine » en tête de mon faux marathon de Cheverny, on avait notre Adri qui courait le vrai marathon de Paris lui alors on a vraiment hâte de savoir comment ça s’était passé! Plein de messages et de photos sur le portable : c’est bon signe! 2.21.51 youhouuuuuuuuuuuuuuuuu! La grande classe internationale! Il est trop fort notre Adri!!! Pou pou pou pou pou pou pou  – NDLR danse de la victoire – On est trop contents pour lui!

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NDLR : le géant jaune toujours aussi ravi sur un podium : son sourire transpire la joie d’être là…




Youhooooouuuuu 2.21.51 Adrien GIOMAR. Crédit photo : Giao Running
Youhooooouuuuu 2.21.51 Adrien GIOMAR. Crédit photo : Giao Running



Agnès et NDJ