La grande Course des Templiers par Pierre BUSTINGORRY, Team Outdoor Paris



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Millau, dimanche 26 octobre 2014, 5h15, 74 kils, 20ème édition


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Les templiers c’était pour moi un des grands objectifs de l’année 2014. Une sorte de revanche sur l’an dernier ou je n’avais pas pu courir pleinement. D’autant plus que cette année ce sont les 20ans de cette grande course… Et pour fêter ça, l’organisation à réuni un plateau de coureurs impressionnant avec pas mal d’internationaux, pour des matchs France – Europe – USA –  et toujours beaucoup de coureurs de haut niveau Français, dont tous les coureurs de l’équipe de France de Trail plus ceux de nombreux TEAMS.

departCôté prépa, même si je ne suis pas de ceux qui font beaucoup de bornes à l’entraînement, j’ai quand même essayé d’allonger les distances et compléter le tout par quelques sorties longues à vélo durant l’été. Je me sens plutôt bien les quelques semaines avant le jour J ; et sur les conseils de mon coach je relâche bien 10 jours avant l’épreuve pour arriver avec de la fraîcheur.  On descend en voiture avec Arnaud la veille de la course pour retirer les dossards, voir quelques départs de course et retrouver des potes traileurs de partout ! Puis plat de pâtes et au lit tôt ! Demain une belle journée s’annonce avec grand soleil et des températures agréables !

2h du mat, on se réveille tranquillement, puis direction le départ. Je reste au chaud dans la voiture jusqu’à 15min du départ car j’ai décidé de partir en Tee shirt court et il ne fait pas encore très chaud à 5h du mat ! Après un rapide échauffement devant la ligne, tout le monde se rassemble au départ, prêt à en découdre pendant 74km. Le speech de l’orga, la musique, les fumigènes rouges et c’est partiiiiiiiiit ! 

Comme prévu, ça part assez vite pour une trail aussi long (16-17km), en même temps, vu les machines qu’il y a devant, ce n’est pas étonnant !! De mon côté je pars à mon rythme, environ 15km/h sur ces quelques kilomètres roulant puis comme à mon habitude, je marche assez tôt dans la 1ere ascension vers le plateau. Ici la stratégie est simple, s’être juste échauffé jusqu’au 1er ravito au 21ème kil.

Par chance, Nicolas et Jonathan DUHAIL, toujours très prudents sur les départs, partent à la même allure que moi et nous faisons naturellement route ensemble. Les jambes sont bonnes, légères et dynamiques. Dans la nuit et la fraîcheur du matin, on cours à 15km/h : personne devant ni derrière de visible mais au alentour de la 50ème place. Dans le descente vers Peyreleau, on reprend pas mal de coureurs qui sont certainement rapides mais visiblement pas faciles sur les terrains un peu techniques.

Ravito express (pomme et pâte de fruit à chaque ravito) puis nous remontons vers le second ravito de St André de Vézine au 32ème kil. Un peu avant ce ravito, je sens que je ne suis déjà plus aussi souple et dynamique qu’au départ. Je dois forcer un peu plus pour conserver ma vitesse… Je passe à la 47ème position et, dès la sortie du ravito, j’annonce aux frères DUHAIL que je ne vais pas pouvoir continuer avec eux (un peu comme dans un film de guerre quoi !! passage très émouvant, la larme à l’œil on se quitte… humour !). Enfin je me fais décrocher, je leur souhaite bon courage mais je sais que, comme à leur habitude ils vont gérer !!
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Je continue ma course en solo désormais, mais à mon rythme. Les jambes ne sont pas au rendez-vous pour le moment, mais j’ai l’espoir que ça revienne alors je ne m’inquiète pas trop. J’en profite pour toujours bien manger et boire. Dans la descente vers le point d’eau de la Roque Ste Margueritte, mes doutes sont confirmés : j’ai mal aux jambes !! En plus, plus bas le sol est gras et les rochers sont glissants, ce qui me vaut une demi-chute (et oui je l’appelle comme ça, en tout cas ça devait être moche de l’extérieur !) sans gravité mais avec une petite douleur au pied qui passera vite.

La montée suivante vers Pierrefiche me fera mal et je connais ici mon véritable premier coup de moins bien (autre que les jambes)et je subirai ainsi au moins 10 bornes. A Pierrefiche, on a déjà parcouru 46 kils mais à peine la moitié du dénivelé est avalé et ça… ça ne me rassure pas ! J’arrive néanmoins à conserver ma place et, au bénéfice de quelques abandons, je me retrouve en 44ème position à ce troisième ravito. Je repars en mode cool et déjà dans un état d’esprit un peu différent. Je ne pense plus à le perf du siècle (pour moi) mais plutôt à faire un truc honorable en m’accrochant encore.

Dans les pentes très raides autant en montée qu’en descente après Pierrefiche, je me fais reprendre régulièrement pas des coureurs plus ou moins frais. Pourtant, la place que l’on m’annonce reste stable avec les nombreux abandons qui commencent…  Du 55ème au 60ème, je me sens mieux (à part les jambes toujours…) et j’arrive à conserver un bon rythme en courant durant toute l’ascension avant de redescendre vers Massebiau. Les descentes me font par contre de plus en plus souffrir… dommage !
Massebiau, km 63, je suis 45ème et il reste un peu plus de 10km et deux grosses difficultés… A ce moment là  je pense surtout aux descentes et à mes pauvres petits muscles de mes jambes qui vont souffrir ! Je veux juste terminer, un TOP 50 ça me va bien aujourd’hui !!

J’attaque la montée vers le dernier ravitaillement, la ferme du Cade au 66ème assez confiant. En trottinant même. Mais rapidement j’explose. Et là, c’était vraiment violent, c’est pas un coup de mou comme avant, vraiment je n’ai plus rien, je vois flou, les muscles me brûlent… bref c’est pas la joie ! Heureusemen,t je ne suis pas le seul et avec un ou deux compagnons de misère, on se motive pour aller jusqu’en haut. Il parait que c’est le meilleur ravito de la course, on va y rester et se faire un geuleton avant d’en finir avec cette course.

Grand-Raid-des-Templiers-136Une fois là haut, je reste à peine une min au ravito et je repars en marchant, les mains pleines de quartier de pommes. La fin de course est très difficile pour moi, je me fais reprendre par une dizaine de coureurs encore, surtout dans la terrible montée du Puncho d’Agast. Pente ultra raide sur cailloux glissants… comme disait un Américain à côté de moi : « it’s mean ». Et c’est vrai que j’imaginais bien l’organisateur avec un rire satanique en traçant cette fin de parcours ! Mais honnêtement, c’est ce que l’on recherche quand on fait du trail, non ?!

Je passe finalement la ligne d’arrivée en 54ème position après 8h25 d’effort. Un peu déçu à chaud. Les bonnes sensations n’étaient pas au rendez-vous. Je pense néanmoins avoir assez bien géré ma course malgré cet état de forme moyen et ce manque de volume à l’entraînement.  Mais il faut en tirer les leçons pour la suite et pour les prochains objectifs. Je vais donc planifier quelques sorties (vraiment) longues dans mon entraînement et augmenter la dose de renforcement musculaire (et pas que des jambes).

Cette année, malgré un parcours plus long et avec plus de dénivelé, le vainqueur Baaaaaasque Benoit Cori l’emporte dans le temps énorme de 6h36 devant le champion de France Sylvain Court. Côté féminine c’est Nuria Picas qui passe la ligne en 7h51 et 25ème au scratch général ! A noter les très belles places de Nicolas et Jonathan DUHAIL du TOP qui termine respectivement 20ème en 7h31 et 26ème en 7h49 !!

RESULTATS

1 Benoit CORI (France) 06:36:49
2 Sylvain COURT (France ) 06:39:15
3 Alex NICHOLS (Etats-Unis ) 06:43:14
4 Sage CANADAY (Etats-Unis ) 06:45:00
5 Zach MILLER (Etats-Unis ) 06:51:01
6 Miguel HERAS (Espagne ) 06:59:05
7 Manu GAULT (France ) 07:01:10
8 Clement PETITJEAN (France ) 07:01:11
9 Marcin SWIERC (Pologne ) 07:02:43
10 Jonas BUUD (Suède ) 07:04:06


Pierre