La grande course des Templiers vécue de l’interieur, Nico nous raconte…



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Millau, le dimanche 26 octobre 2014, 5h15, 74kils, 3600mD+

par Nicolas DUHAIL, TEAM OUTDOOR PARIS



1. Préparation

Tous les ans, les membres de mon association ACCRORUN VILLEPREUX essayent d’organiser un gros trail où nous sommes beaucoup à participer. Après notre échec lors du tirage au sort de l’OCC et de la CCC en janvier, nous nous sommes donc rabattus sur le festival des Templiers. D’une part parce que Jonathan avait gagné une invitation en finissant 14ème l’an dernier, d’autre part car c’est une course mythique que beaucoup rêvent de courir.
 
C’est donc le dernier objectif de la saison pour ma part, et j’entends bien faire bonne figure. Après des bonnes vacances sportives à Bédoin au cours desquelles j’ai monté une vingtaine de fois le Mont Ventoux en vélo, il a fallu se remettre à courir lors du Trail de la Côte d’Opale. La course s’est bien déroulée dans l’ensemble, sauf les 10 derniers kilomètres qui ont été difficiles. J’ai donc vu qu’il fallait que je m’entraîne sur du long pendant les 6 semaines qu’il me reste avant les Templiers. Il faudra également faire un peu de dénivelé car ça ne va pas être le même profil qu’à la Côte d’Opale :)

parcours
 
Je m’octroie quand même une semaine tranquille pour bien récupérer afin de commencer l’entraînement dans de bonnes conditions. À la fin de cette semaine, j’ai quand même couru le 36km de l’Imperial Trail de Fontainebleau, mais sans forcer. La deuxième semaine sera également calme car j’ai ma soutenance pour obtenir mon diplôme à préparer durant cette période, donc je n’ai pas trop le temps de faire des sorties longues. Cette semaine sera conclue avec un nouveau record sur le Paris-Versailles (56’42 »).GTTND1

Après avoir validé mon diplôme en début de 3ème semaine, je peux enfin commencer sérieusement l’entraînement Templiers, pendant les deux semaines qui vont suivre. J’ai donc fait des bonnes sorties longues, seul, avec Jonath, ou avec le club. Bien sûr j’ai conservé une séance de fractionné par semaine. Certains jours j’ai également fait de l’entraînement biquotidien pour accumuler des kilomètres et du dénivelé. J’ai couru 3 courses pendant ces 2 semaines, le NoctuTrail de Sully (17km), l’Ecorun de Vaucresson (20km), et la Course des Châteaux de l’Isle-Adam (32km), qui se sont toutes soldées par une victoire : c’est toujours bon pour la confiance !

entrainement
 
Après ces deux semaines bien chargées, il me reste deux semaines pour « faire du jus » comme disent les pros, pour arriver en bonne condition aux Templiers. Je fais quand même des petites sorties car je n’ai pas dans mes habitudes de couper totalement l’entraînement. Le week-end précédant les Templiers, je cours le 10km de ma ville en compagnie de Tom qui remportera la course. Pour la dernière semaine, je réduis encore les kilomètres, et repos complet le vendredi avant de partir pour Millau le samedi matin.


2. Avant-course

Samedi 25 octobre 2014 : veille de course. Départ à 7h30 pour Millau avec Karim et Seb, deux gars du club. Je profite du trajet pour dormir et ça passe finalement assez vite. On arrive à Millau vers 13h, et on retrouve Jonath, Albin, et Marin (tous étaient présents à la Côte d’Opale) qui étaient déjà sur place. En effet, ces deux derniers couraient la veille l’Endurance Trail de 100km, et Jonath était là pour faire leur assistance. Ils ont tous les deux fait de belles prestations sur cette course, et semblent en pleine forme !

Après avoir déposé nos affaires dans le gîte loué pour l’occasion (dans lequel on sera 10), on part manger en ville dans un petit restaurant proposant une « formule Templiers » : tagliatelles sauce forestière et fromage blanc à la confiture de lait. Bien sûr Albin et Marin font les malins et nous narguent en prenant des pizzas bien alléchantes ! Pas grave, on se rattrapera le lendemain après la course ;) En attendant les autres membres du club qui doivent nous rejoindre au gîte, je m’octroie une petite sieste car je sais que la nuit à venir va être courte.

GTTND14À mon réveil, je demande à Jonath de me faire un briefing complet sur le parcours, qu’il commence à connaître par cœur (pour l’avoir couru l’année dernière et pour avoir fait l’assistance d’Albin et Marin). Je pars ensuite faire une petite sortie décrassage afin de faire tourner les jambes engourdies par le trajet en voiture. Je profite de cette sortie pour aller jeter un œil au village Trail, et assister à l’arrivée des courses du samedi. À un moment, j’emprunte un petit sentier bien technique tout en caillasses, qui est vraiment raide : cela annonce la couleur pour le lendemain ! Je ne force pas et rentre au gîte après 40 minutes. Tout le monde est enfin arrivé et l’ambiance est à la rigolade : ça chambre dans tous les sens, et les pronostics vont bon train !

Au menu du soir, carottes râpées, pâtes sauce tomate et escalopes de poulet. Certains s’autorisent une petite bière mais les plus raisonnables savent ce qui les attend le lendemain. Après le repas, chacun prépare ses affaires pour ne rien oublier le matin quand on a la tête dans le cul. Avec Albin, on s’organise également pour se retrouver le lendemain aux 3 premiers ravitos. Albin s’occupera en effet de l’assistance pour Jonath et moi. On n’oublie pas le changement d’heure (une heure de sommeil en plus, c’est que du bonus !) et au lit : réveil programmé à 2h30 afin de digérer le petit déj’ avant la course.
 
GTTND15Je n’ai pas passé la meilleure nuit de ma vie mais j’ai quand même réussi à dormir un minimum. Un bol de céréales, une banane et deux petits pains, voilà un petit déjeuner pour cartonner ! Je prépare ensuite mon camelbak que je remplis de Nutraperf saveur Agrumes (2L). C’est également ce que j’ai donné à Albin pour remplir mon sac sur les ravitos. Avec un WC pour 10, c’est la guerre pour y accéder ! Mais finalement on part tous ensemble à 4h30, pour un départ à 5h15. On fait le trajet en trottinant en guise d’échauffement, c’est l’avantage d’être pas trop loin. Il fait bien froid ce matin, donc j’ai décidé de partir avec gants, bonnet et manchettes. Jonath et moi avons également prévu les sacs poubelles pour ne pas prendre froid avant le départ : c’est bien ridicule !
 
Arrivés au départ, Jonath et moi laissons les autres aux environs des sas 1, 2 et 3, pour nous diriger vers le sas Elites où le speaker présente les favoris. Je rappelle que cette année, le Grand Trail des Templiers est le théâtre d’un match France/Europe/USA qui regroupe les meilleurs coureurs de ces nations. Le plateau est donc très relevé et il va falloir se déchirer pour faire un bon résultat ! Après une dernière pause technique, je rejoins la ligne de départ en passant par devant : résultat, je me retrouve en 1ère ligne avec Jonath, aux côtés des cadors de la discipline. Après le discours de l’organisateur, la traditionnelle musique (ERA – Ameno) est lancée et la pression monte. Le compte-à-rebours commence : 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1…


3. Course

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•    Départ (Millau – km 0)  Ravito 1 (Peyreleau – km 21,5)

C’est parti pour 75km ! Toute cette portion va se courir à la frontale jusqu’au lever du jour. Contrairement à Benoît CORI (vainqueur), qui écrit dans son compte-rendu que « ça part assez tranquille, environ 16km/h », je trouve que ça part bien trop vite pour moi (je dirais plutôt vers 18km/h pour les premiers) et je laisse filer. Des fusées du sas Elites me doublent à gauche, à droite, afin d’accrocher le wagon de tête. Les premières féminines me dépassent également à des vitesses impressionnantes…

GTTND3Les deux premiers kilomètres se courent sur une route bien plate : il faut en profiter car ça ne va pas durer ! Jonath prend rapidement quelques mètres d’avance, et Pierre BUSTINGORRY du team me rattrape et reste à mon niveau. Nous discutons de nos objectifs sur ce trail et également de la stratégie à adopter. L’année dernière, Pierre avait complètement craqué après un départ trop rapide, donc cette année il ne compte pas refaire la même erreur. En restant à mes côtés, il fait le bon choix, car sur le plat je ne suis pas une référence :) À vue de nez, je pense que nous sommes aux alentours de la 60ème place à ce moment-là.

Nous atteignons enfin la première difficulté du jour, la côte de Carbassas. Le changement de rythme va me faire du bien. Avec Pierre, nous avons toujours Jonath en ligne de mire, ce qui permet de ne pas se relâcher. Très vite, on attaque des forts pourcentages, et je trouve plus raisonnable de marcher comme la plupart des coureurs à mes côtés. Pierre est un vrai cabri dès que la pente devient forte, et il rejoint rapidement Jonath avant de le lâcher à son tour.
 
Les jambes vont plutôt bien, mais j’ai des fortes douleurs au dos dans cette ascension, dès que je marche. J’aurais dû m’échauffer un peu plus je pense. J’essaye donc de courir quand je le peux, car ça me soulage le dos. Peu avant la fin de la côte, je reviens sur Jonath et me cale sur son rythme avant d’attaquer la partie plate qui va suivre. Il y a une bonne dizaine de kilomètres où il faut envoyer sans trop se cramer. Nous revenons à présent sur Pierre, pour former un petit groupe de 3 : le TEAM OUTDOOR au complet !

Nous allons quand même à bonne allure, et je dois un peu me forcer pour rester au contact. J’ai hâte d’attaquer la descente vers Peyreleau, le 1er ravito. Jonath nous annonce à ce moment qu’il espère faire 15 minutes de moins que l’année dernière : je trouve cela un peu ambitieux car le parcours est un peu plus long, mais laissons-le rêver ! Nous ne doublons quasiment personne, et vice-versa. Nous quittons peu à peu les sous-bois pour observer le lever du soleil sur le plateau : c’est très joli et j’en profite.

Quand arrive la descente, Pierre prend les devants tandis que Jonath prend rapidement quelques mètres de retard. Je reste sur les talons de Pierre et nous effectuons la descente à un bon rythme, en doublant pas mal de monde. Vu que c’est un single, il faut parfois forcer un peu le passage pour ne pas perdre de temps, mais la plupart des coureurs savent se pousser quand ils sentent qu’ils gênent. Après avoir pris un peu de retard sur Pierre dans un « bouchon », je remarque qu’il m’attend car il souhaite déposer sa frontale au ravito à notre pote Albin, mais vu qu’il ne le connaît pas, il a besoin de Jonath ou moi pour lui montrer le larron :)

Arrivés à Peyreleau, nous traversons le village et empruntons quelques escaliers avant d’atteindre la zone de ravitaillement. Je cherche Albin au milieu des centaines de spectateurs qui sont présents (alors qu’il n’est que 7h du mat’ !). Finalement, c’est lui qui me repère et m’interpelle : Pierre lui donne sa frontale et part remplir ses bidons, tandis que je dépose frontale, gants, bonnets, manchettes, et j’en profite pour mettre ma casquette (avec l’inscription « Finisher La Grande Traversée – 100 miles Sud de France », merci Agnès pour ce cadeau). Vu la météo annoncée, je vais en avoir besoin plus tard. Pas besoin de remplir le camel pour l’instant, je n’ai même pas bu la moitié et il n’y a que 11,5km jusqu’au prochain ravito. Je préviens Albin de l’arrivée imminente de Jonath puis je repars avec de l’avance en prévision d’une pause technique à venir. En passant au ravito (48ème en 1h43, à 11 minutes du 1er), je mange une pâte de fruit qui me fait de l’œil, ça ne peut pas faire de mal !

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•    Ravito 1 (Peyreleau – km 21,5)  Ravito 2 (Saint-André-de-Vézines – km 33)

GTTND5Quelques mètres après le ravito, je m’arrête pour soulager ma vessie : le bonheur ! Jonath et Pierre me rejoignent et font de même, mais repartent avant moi car j’avais encore 3 litres à évacuer :) Finalement je les rejoins assez vite dès le début de la deuxième difficulté du jour, la côte de Peyreleau.
 
Elle est nettement moins raide que la côte précédente, et nous pouvons quasiment courir tout le long. Ce qui fait plaisir, c’est que je n’ai plus de douleurs de dos, et je me sens assez facile dans cette côte. Je suis collé à Jonath et j’hésite à le doubler pour hausser un peu le rythme, car je me sens vraiment bien. Je décide d’être raisonnable et d’en garder sous le pied, car je ne sais pas trop ce que me réserve le parcours ! Cette portion passe vite et nous arrivons rapidement à Saint-André-de-Vézines, le 2ème ravito.

Dans cette côte, j’ai eu l’impression de doubler pas mal de coureurs, mais pourtant je passe 46ème au ravito (en 2h49, 22 minutes après la tête de course), soit seulement 2 places gagnées. Cela s’explique sûrement par le fait que je me suis fait doubler pas mal pendant mon arrêt technique après le 1er ravito !

À mon arrivée dans la zone, je cherche Albin et je le vois arriver en courant : à une minute près je le ratais, c’était limite ! Il me sort les bouteilles toutes prêtes de Nutratletic et je remplis mon sac sans perdre de temps. Jonath arrive peu après et fait de même. Comme à mon habitude, je repars devant après avoir remercié Albin, en prévision d’une future pause. Une petite pâte de fruit en passant, et je m’arrête à la sortie du village pour me soulager à nouveau. Pierre passe à ce moment-là derrière moi et me gratifie d’un « Encore ?! ». J’ai le temps de voir arriver la 1ère femme Nuria PICAS à l’entrée du village, avant de repartir en compagnie de mon frère, et de Pierre que nous rattrapons 100m plus loin.

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•    Ravito 2 (Saint-André-de-Vézines – km 33)  Ravito 3 (Pierrefiche – km 46,6)

nico1Pierre nous annonce qu’il a un petit coup de moins bien et préfère rester en retrait. Je ne le reverrai plus à partir de là. Il terminera à une très honorable 54ème place en 8h25, même s’il espérait mieux au départ. Nous continuons donc le chemin à 2 avec Jonath et nous commençons à rattraper quelques coureurs, dont Julien MOREAU (vainqueur du 42km de la Côte d’Opale) qui abandonnera avant Massebiau.
 
Dans la portion qui suit (profil plutôt descendant avec quelques relances), Jonath commence à lâcher du terrain, je ne le reverrai plus non plus. Il se battra toute la fin de course aux côtés de Romuald DE PAEPE pour terminer devant Nuria PICAS ;) C’était limite mais ils ont réussi : Jonath termine 26ème en 7h49, 2 minutes devant la 1ère femme ! Ce passage est sans doute celui que j’ai trouvé le plus beau de toute la course, avec une vue dégagée sur les Causses qui permet d’admirer toutes les merveilles de cette région.
 
Dans la descente vers La Roque-Sainte-Marguerite, le 1er point d’eau (pas de pointage à cet endroit), je ressens d’un coup de vives douleurs au niveau du ventre. Je suis obligé de ralentir car je souffre copieusement, et pas vraiment en silence : heureusement que je suis tout seul à ce moment-là car je pousse des gémissements de souffrance à chaque virage. Je me dis que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, et je continue à un rythme moindre. Par contre, j’ai vraiment des jambes en pleine forme et je regrette de ne pas pouvoir envoyer plus ! Tant pis, ce n’est que partie remise pour la suite de la course.

paysage1Après quelques kilomètres de galère, ça passe enfin et je peux accélérer un peu. Je lâche les chevaux et cela me permet de dépasser du beau monde avant d’arriver au point d’eau : Romuald DE PAEPE (finisher : 27ème), Frédéric JUNG (finisher : 31ème) et Thierry BREUIL (abandon avant Massebiau à cause d’une déchirure). La descente est quand même bien technique, et je me rétame méchamment sur le cul, mais sans gravité et sans séquelles. Le passage au point d’eau est très agréable avec de nombreux encouragements de spectateurs. Je ne m’arrête pas car j’ai encore de la boisson, et je sais que le prochain ravito est juste en haut de la prochaine difficulté : la côte de Pierrefiche.
 
Celle-là est plus raide que la précédente ! Je marche souvent tout en conservant un bon rythme car je sens que les jambes répondent bien. Dès que la pente est moins forte, je relance et cela me permet de rattraper là encore quelques coureurs comme Francis GARNIER (finisher : 25ème) et Benoît HOLZERNY (finisher : 24ème). J’arrive au 3ème ravito en compagnie de Vivien LAPORTE (finisher : 29ème) que je viens de rattraper. Je passe à la 29ème place en 4h09, avec 29 minutes de retard sur Zach MILLER.

GTTND7Cette fois, Albin est arrivé 4 minutes avant moi, c’était large ! Je mange une pâte de fruit (oui j’adore ça !) et une barre aux céréales avant de le rejoindre pour remplir à nouveau mon sac. Je sais qu’Albin ne sera pas au dernier ravito (Le Cade), car c’est trop une galère d’y accéder en voiture le jour de la course, donc c’est la dernière fois que je le vois. Si tout va bien, mon sac rempli entièrement devrait me permettre de tenir jusqu’au bout. Je remercie Albin une dernière fois et lui annonce que Jonath ne doit pas être très loin, et c’est parti pour les 30 derniers kilomètres !
 

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•    Ravito 3 (Pierrefiche – km 46,6)  Point d’eau 2 (Massebiau – km 63,7)

AGTTND9près ma traditionnelle pause de sortie de ravito (mais cette fois, ni Jonath ni Pierre ne reviendront sur moi), je repars en direction de Massebiau, le 2ème point d’eau. Je rattrape à nouveau Vivien LAPORTE mais cette fois j’arrive à le distancer. Quand Jonath m’a décrit le parcours, il m’a prévenu que sur cette section, si j’étais capable de courir tout le long, j’allais rattraper un paquet de monde. J’ai donc basé ma course là-dessus, et il ne s’est pas trompé.
 
En effet, sur cette portion du parcours, mieux vaut en avoir gardé sous la pédale, car il faut être capable de relancer sans arrêt pendant de nombreux kilomètres (il y a 17km entre Pierrefiche et Massebiau, et la plupart sont usants). Du coup, les coureurs qui sont partis trop vite le regrettent bien souvent à cet endroit, et j’ai pu constater les dégâts en rattrapant certains favoris bien mal en point : Julien NAVARRO (abandon avant Le Cade), Maxime CAZAJOUS (abandon avant Le Cade), Pierre-Laurent VIGUIER (abandon avant Massebiau), Mikael PASERO (abandon avant Le Cade), Erik CLAVERY (finisher : 23ème), et « last but not least », Sébastien SPEHLER, qui finira 22ème au courage. Ça m’a fait vraiment bizarre de le doubler, car d’habitude je finis plutôt 30 minutes derrière lui (Ventoux, 6000D), mais ce n’est pas pour ça que je me suis enflammé et j’ai continué à avancer en me concentrant sur les kilomètres restants à parcourir.
 
nico2J’attaque enfin la descente vers Massebiau, dans laquelle mes douleurs de ventre refont leur apparition. Comme auparavant, je souffre en gémissant comme un poulet qu’on égorge mais je m’efforce de ne pas m’arrêter : je sais que ça va passer. Finalement, ça durera toute la descente, je n’ai pas vraiment profité de ce passage pour bien récupérer… En tout cas, comme me l’avait conseillé Jonath, j’ai fait l’effort de courir un maximum sur toute cette partie du parcours et ça a porté ses fruits. Juste avant d’atteindre le point d’eau de Massebiau, je rattrape un membre du TEAM USA qui n’a pas l’air très frais, Matt FLAHERTY (finisher : 48ème). Je passe le pointage en 22ème position après 5h53 de course, 36 minutes après Zach MILLER et Benoît CORI. Je ne m’arrête pas pour prendre de l’eau, j’ai encore tout ce qu’il faut sur moi, et en plus ça fait un détour ;)

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•    Point d’eau 2 (Massebiau – km 63,7)  Ravito 4 (Le Cade – km 67,2)

GTTND11À partir de là, il ne reste « que » 11km jusqu’à l’arrivée : ça devrait être une formalité ! Ces kilomètres se découpent en 2 montées et 2 descentes. La première montée est la côte de Massebiau, et je ne pensais pas qu’elle me ferait aussi mal. Jonath m’avait dit lors de son briefing que les écarts ne se faisaient plus trop sur cette partie car que l’on soit bien ou pas, on marche à peu près au même rythme. Mais j’ai mal interprété ses propos, et je suis arrivé à Massebiau pas bien du tout après avoir bien enchaîné dans la partie précédente ! Si je savais ce qui m’attendait, j’aurais fait plus attention.
 
Je commence à marcher dès le bas de la côte, même si c’est goudronné, car la pente est déjà sévère. Devant, j’aperçois Benjamin BELLAMY, qui lui a choisi de trottiner. Cependant, la distance qui nous sépare reste stable, et je le rattrape même quand il se met à marcher. Les spectateurs sont venus en masse dans cette difficulté et ça nous pousse à avancer. Je finis par rejoindre Benjamin, et nous continuons tous les deux à avancer difficilement vers le sommet de cette côte. Nous rejoignons malgré tout deux autres coureurs, dont Pascal GIGUET qui finira 18ème. Je ne suis pas en mesure de prendre les devants de ce petit groupe de 4, donc je me contente de m’accrocher tant bien que mal. Je m’efforce de bien m’hydrater car la soleil tape fort à cet endroit.

À l’approche du sommet, les spectateurs nous annoncent le ravito du Cade « tout proche », mais qu’est-ce que ça m’a semblé long ! Dans ces quelques kilomètres en faux plat avant la ferme du Cade, je me traîne lamentablement et je me dis que la dernière côte va être un calvaire. Néanmoins, je dépasse à cet endroit Pau BARTOLO, qui est au plus mal et abandonnera après Le Cade. Pascal GIGUET a pris 2 minutes d’avance et Benjamin BELLAMY est quelques mètres derrière moi. L’arrivée dans la ferme, à l’ombre, est un soulagement. Je me fais pointer en 20ème position en 6h29, à 43 minutes des meilleurs. C’est le ravito où j’ai passé le plus de temps, malgré le fait que je n’ai pas rempli mon sac. J’ai commencé par me verser des gobelets d’eau sur le crâne car la chaleur devenait étouffante, puis j’ai pris le temps de bien manger, quelques pâtes de fruit et une barre aux céréales.

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•    Ravito 4 (Le Cade – km 67,2)  Arrivée (Millau – km 74,8)

paysage2En sortant de la ferme, je fais ma pause habituelle, même si cette fois c’est plutôt un prétexte pour m’arrêter plus longtemps et me reposer ! Benjamin BELLAMY en profite pour repartir devant moi, et je le rejoins plus loin à la faveur de la descente. Je sens que ça va un peu mieux qu’avant, mais ce n’est pas non plus la grande forme. Dans cette descente, mes douleurs ventrales reviennent, mais elles sont moins prononcées qu’avant. Je reste donc au contact de Benjamin car je ne peux pas vraiment accélérer, et de toute façon mieux vaut se préserver pour la fin de course. Avant de nous attaquer à la dernière difficulté du jour, la Puncho d’Agast, nous empruntons un petit sentier en balcon qui nous offre une magnifique vue sur la vallée et sur Millau.
 
Il est temps de s’attaquer à la dernière bosse : ce n’est pas long, mais par contre c’est raide ! C’est un mur : comme Jonath me l’avait annoncé la veille, c’est de l’escalade :) Au départ, je reste calé dans les jambes de Benjamin, puis je sens qu’il commence à faiblir un peu donc je prends les devants et le distance petit à petit. J’ai les jambes dures et le souffle court, mais je me sens quand même mieux que dans la côte précédente. J’utilise mes bras autant que mes jambes pour me hisser le plus rapidement possible vers cette antenne au sommet qui me nargue. Je pense à ce moment-là à ceux de mon club qui vont finir la course de nuit, je me dis qu’ils vont en chier plus que moi !

nico3Peu avant le sommet, Benjamin me rattrape et me dépose, alors que je n’ai pas l’impression d’avoir ralenti. Il a sans doute eu un regain d’énergie pour me faire mal au moral. Je le vois qui trottine dans le dernier faux plat, alors que je n’en suis plus capable et je dois marcher avant de basculer dans la dernière descente. Pour la première fois depuis le début de la course, pas de douleurs dans cette descente : le bonheur ! Je peux enfin lâcher mes dernières forces dans la bataille, plus rien ne me retient. Je rattrape à nouveau Benjamin et je profite d’une relance pour le distancer (il finira 21ème). Je me sens revigoré et rien ne peut plus m’arrêter (sans doute car je sais qu’il n’y a plus de côtes). Je demande même aux spectateurs si les coureurs devant sont loin pour essayer de grappiller des places, mais j’ai plus d’une minute à rattraper sur 2 kilomètres de descente, ça ne va pas être possible. J’enchaîne quand même jusqu’à l’arrivée et je profite de cette descente qui plonge vers Millau.
 
Résultat des courses : 20ème en 7h31, très content de mon classement. Par contre je suis à près d’une heure de la tête de course (6h36), c’est quand même un autre niveau…À noter l’abandon de quelques favoris qui sont partis avec le groupe de tête et que je n’ai pas vu de la course : Chris VARGO, Ricky LIGHTFOOT, Thibaut BARONIAN, Julien COUDERT.  À peine quelques minutes après mon arrivée, je monte sur le podium qui récompense les coureurs du 11ème au 20ème. Il y a du beau monde sur ce podium et Albin est là pour immortaliser ça. Encore merci Albin pour ton assistance sur la course, sans ça je ne montais pas sur le podium !   J’ai remporté un beau trophée en peau d’agneau (!) ainsi qu’une invitation sur le Festival des Templiers 2015 : reste à choisir sur quelle course :)



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passages
 

Après-course

Grand-Raid-des-Templiers-349

Grand-Raid-des-Templiers-361Après l’arrivée de Jonath, nous récupérons nos médailles et nos sweats finisher. Puis nous faisons un détour au repas d’après-course pour voir ce qu’ils proposent. Je n’ai pas regretté : soupe, aligot, et brioche, je n’en demandais pas tant !
 
Albin nous ramène ensuite en voiture jusqu’au gîte pour prendre une douche et faire nos sacs, et nous repartons sans attendre vers Paris. Nous faisons une pause le soir chez les parents d’Albin pour nous régaler autour d’un couscous (comme après le trail de Sancerre en juin dernier).

Le lendemain, j’avais des bonnesGTTND16 courbatures, non seulement aux jambes, mais également aux épaules à cause de la séance d’escalade forcée ! J’ai fait un bon repos réparateur à J+1 et J+3, et une petite sortie récup’ à J+2 qui a fait du bien. À J+6, sortie côtes avec le club, je sens que la course a laissé quelques traces, mais rien d’alarmant. Je devrais être opérationnel pour les Carrières by Night le samedi 8 novembre, course sur laquelle TEAM OUTDOOR est partenaire : http://www.trail91.fr/la-by-night-2014-description-inscription/

Ce fut encore un bon week-end, où les 13 membres de mon club qui couraient ont été finishers, avec de belles performances à la clé ! Je ne m’attendais pas à une fin de parcours aussi technique et exigeante, sinon j’aurais peut-être mieux géré mon effort. Mais je reste très satisfait de ma performance :)

Nico



RESULTATS


classement GTT