Le TOP a Grande vitesse pour un premier Trail de Montagne : le TGV par Jonathan DUHAIL




Le Tour des Glaciers de la Vanoise (TGV), 73 kils, 3800m D+, Pralognan la Vanoise (73), dimanche 6 juillet 2014

par Jonathan DUHAIL, TEAM OUTDOOR PARIS – ACCRORUN Villepreux



16. intro

Après une première partie de saison consacrée à des distances relativement courtes, et à quelques marathons, nous avons prévu cet été avec mon frère, Nicolas, de nous tester sur quelques courses en montagne de plus de 50km : ce sera donc un enchainement TGV, puis 6000D, à trois semaines d’intervalle, ce qui devrait être suffisant pour bien récupérer ! Le Tour des Glaciers de la Vanoise, c’est une « petite course » en nombre de participants, puisqu’il n’y a que 500 inscrits. Mais d’après toutes les personnes qui y ont déjà participé, il fait l’unanimité, tant au niveau des paysages, que de l’organisation et de la difficulté. Au programme, 72km et 4000m de D+ environ. Un des paramètres important à gérer sera aussi l’altitude, comprise toute la course ou presque entre 2000 et 2500m, avec un passage à 2800m en fin de course.

00-profil_TGVNiveau entrainement, la préparation a été plutôt costaud, et il a fallu surtout s’y remettre après le marathon de Sauternes qui se déroulait le 1er juin. De mon côté, les sensations étaient bonnes la semaine d’avant, et le gros point positif c’est que le problème de Nico au genou était finalement résorbé, et qu’il a pu reprendre l’entrainement correctement. Évidemment, il n’est pas à 100%, étant donné le nombre de semaines réduites qu’il a effectuées. L’organisation du trajet pour se rendre à Pralognan a été plutôt folklorique, et s’est étalée sur deux mois au moins. Au départ, nous étions six coureurs à nous rendre sur place : 3 de mes collègues, dont Albin, avec qui on fait pas mal de courses, et Alex de notre association Accrorun. Malheureusement, ce dernier s’est blessé 3 semaines avant la course environ, et ne viendra finalement pas avec nous, alors qu’il était en super forme :(

01-paysage_01Le logement a été trouvé très rapidement, à 200m du départ environ, mais c’est pour le transport que ça s’est corsé : après de multiples changements d’organisation, on arrive à récupérer une camionnette de 9 places pour descendre en étant plus à l’aise que dans une voiture de 5 places pour 5 ! Le problème c’est qu’au moment du départ de région parisienne le samedi matin, on a vite compris qu’on allait devoir faire un peu d’entretien : niveau d’huile à refaire, un pneu presque à plat, et les trois autres sous-gonflés, bouchon du réservoir du liquide de refroidissement manquant (retrouvé coincé sous le capot à un endroit improbable), … Bref, une heure de retard par rapport à l’heure de départ prévue, mais au moins on voyagera en sécurité ;) Après les 7h de route environ pour arriver sur place, on a évidemment hâte de se dégourdir les jambes, et d’aller courir un peu. Mais il ne va pas falloir trainer, parce qu’il est déjà 17h, et ça serait bien de se coucher tôt, étant donné que le départ de la course est à 4h du matin (avancé d’une heure en raison d’orages possibles en fin de journée).

On commence par récupérer les dossards (le t-shirt coton est bien pourri, et rempli de pub), puis on va s’installer à l’appart qui est vraiment super bien situé. La petite sortie de 40min de course effectuée moitié dans la première montée, moitié sur du plat se passe bien, et permet de délasser les jambes. Ensuite on enchaine avec le briefing de la course à 18h30, qui est vraiment trop long en comparaison du nombre d’infos reçues. Tout de même quelques points importants : le parcours sera effectué dans son intégralité (première fois depuis 2011), car le temps prévu est idéal, et surtout un détail qui en a fait paniquer plus d’un : pas de balisage dans le parc National de la Vanoise, l’orientation se fera en connaissant le nom des refuges par où l’on doit passer :D Ça ne me pose pas de problème particulier, mais Nico et surtout Albin se mettent à mémoriser le parcours de plus belle, après avoir déjà bien étudié les différents secteurs pendant le trajet !! Le stress commence à monter.

02-paysage_02Après un repas rapide et une préparation plus ou moins poussée des affaires pour le lendemain selon les personnes, direction le plumard à 22h, parce que le réveil est prévu à 2h30 pour Nico et moi, et à 3h pour Albin. Mes deux autres collègues sont inscrits sur le Tour de l’Aiguille de la Vanoise (22km pour 1400m de D+), et pourront donc faire la « grasse mat’ ». Pas facile de s’endormir tout de suite, et lorsque le réveil sonne, ça fait bizarre !

C’est assez dur de manger aussi peu de temps après le repas de la veille, mais on se force quand même, pour avoir un minimum dans le ventre au départ, et surtout je sais que je ne mange presque rien pendant que je cours. Après un réveil difficile pour Albin aussi, préparation des sacs, et c’est parti pour une belle balade sur la journée ! Niveau matos, on emmène quand même pas mal de choses, car la liste de matos obligatoire est quand même bien fournie, et vu que les conditions d’intervention des secours sont très compliquées dans le Parc National, il faut mieux être équipé ! Pas de T-shirt Team Outdoor pour courir sur cette course, on privilégie des T-shirts avec un col plus près du cou, pour éviter les frottements du sac. Mais on espère bien pouvoir sortir nos beaux T-shirts jaunes sur le podium après l’arrivée !

En sortant, il fait évidemment encore nuit, et le départ va donc se faire à la frontale, mais la température est idéale pour courir. Pendant l’échauffement, les sensations ne sont pas au top, mais vu l’heure c’est plutôt normal, il va falloir se réveiller progressivement. Avant le départ, nous avons bien évidemment regardé qui sera là pour jouer la gagne, et il y avait seulement 5 dossards préférentiels attribués : Sylvain COUCHAUD de Mizuno, Florentin LE PROVOST, Rémi BERCHET, et les frères DUHAIL. Etant donné que les trois autres sont des montagnards, et qu’ils ont tous une bonne expérience de ce type de course, c’est sûr qu’on ne part pas favoris, avec notre entrainement sur des côtes de 50m de dénivelé :D Mais bon on va essayer de faire ce qu’on peut quand même hein !!

 30 secondes avant le départ, on se place dans le sas de devant avec Nico, et là un bénévole vient nous voir pour nous demander si on a fait pointer nos dossards. Evidemment on n’était pas au courant, donc il a fallu sprinter jusqu’à l’autre bout de la place pour pointer, et revenir dans le sas ! Petite montée en pression :)

03-paysage_03Le départ est donné à l’heure, et on part dans les premières positions sur les 400m de plat, avant d’entamer la première montée de 1000D+ vers le col de la Vanoise. Très vite, je vois que les mollets tirent dès les premières pentes, et je ne suis pas en mesure de suivre les deux premiers (Sylvain COUCHAUD et Rémi BERCHET) qui s’échappent tout de suite et qu’on ne reverra plus de la course !! On forme donc un groupe de 3 dans la montée avec mon frère et Rémy FABRE. Le fait que Nico coure avec moi ne me rassure pas : je sais qu’il n’a pas l’entrainement adéquat pour courir avec moi, même si il n’est plus blessé : soit il est en surrégime et va finir par exploser, soit c’est moi qui ne suit pas bien, pour qu’il arrive à me suivre comme ça :( Dans les deux cas, ça veut dire qu’un de nous deux ne va pas passer une bonne journée !!

Pendant toute cette première section, nous allons rester à trois, et je reste devant la plupart du temps pour donner le rythme, en alternant course et marche lorsque la pente est vraiment trop raide. Mes mollets tirent tout du long, et j’espère que ça va passer, quand on arrêtera de grimper ! On passe au col en 1h10 environ, avec 5min de retard sur les 2 premiers. On prend le temps de bien boire au ravitaillement, de faire une pause pipi, et puis on repart ensemble avec Nico, à la 6ème place environ.

Le soleil est maintenant levé, et on peut commencer à profiter des paysages grandioses que l’on surplombe depuis les chemins sur lesquels on court. Je commence à profiter un peu plus de la course, parce que mes mollets ne tirent plus, et on en prend plein les yeux. Cette deuxième section nous emmène jusqu’au refuge de l’Arpond, au km 21. Ce refuge se trouve au milieu d’une descente, très technique pour moi, et qui me fait donc rétrograder au classement : je savais déjà que je n’étais pas forcément à l’aise en descente dans les trails en région parisienne, mais là ça se confirme. À côté de certains qui dévalent ça comme si de rien n’était, avec l’aide de leurs bâtons, j’ai l’impression d’être à l’arrêt !! Nico lui se débrouille très bien, et me lâche donc rapidement. Je passe au ravito de l’Arpond en 9ème position, 1min après Nico qui est passé 6ème. Je prends encore bien mon temps pour boire, échanger un mot ou deux avec les bénévoles, pour savoir que la tête de course est passée il y a déjà 10min, et admirer un peu le panorama (en faisant une deuxième pause pipi), parce que pendant les descentes j’ai les yeux rivés au sol :)

On repart dans la descente, et je continue de perdre quelques places. Je fais aussi régulièrement quelques chutes quand ça descend, sans me faire mal pour le moment ! La portion jusqu’au ravitaillement suivant est bien moins technique que la précédente, ce qui me permet de remonter des places en allongeant un peu la foulée dès que je peux relancer. Dans les côtes, les mollets me laissent tranquille : ça fait plaisir, je peux courir un peu plus, mais par contre le tendon d’Achille droit commence lui à tirer ! Impossible d’être tranquille 5min !!

Je reviens progressivement su04-col_de_chavierer Nico dans cette portion : il est en point de mire, et donc ça me motive bien pour reprendre du terrain !! Peu avant le ravitaillement de Plan Sec au km 35, je reviens sur lui, et nous doublons aussi Rémy FABRE qui était toujours troisième, et avec qui nous avions couru toute la première montée. Après quelques mots échangés, il préfère continuer à son rythme, et ne vient pas avec nous.

Les points de vue sont toujours superbes, et on en profite bien avec Nico, en discutant de temps en temps. C’est plutôt cool de se retrouver à deux à mi-course comme ça ! Je lui demande aussi comment vont ses jambes, parce qu’il y a encore la moitié du chemin à faire, et j’ai peur qu’il craque à un moment donné, mais pour le moment il a l’air d’aller bien, puisque ça rigole toujours ;) On passe ensemble au ravito de Plan Sec aux 3ème et 4ème place, avec Florentin LE PROVOST vraiment pas loin derrière. Ça fait déjà plus de 4h15 qu’on court, et on n’a fait que la moitié du parcours !! Du coup on prend le parti de refaire le plein des sacs à ce ravito, pour être tranquilles jusqu’à l’arrivée. Nico « décide » de faire une pause technique un peu plus longue pour gagner du poids ;), et je repars donc tout seul. Après avoir fait déjà la moitié de la course, je sais que la fin du parcours ne va pas être du gâteau, parce qu’il reste beaucoup de D-, et la montée au col de Chavière qui sera compliquée dans tous les cas.

Quelques kilo05-montee_col_chaviere_vue_du_colmètres (et quelques chutes, c’est le fil conducteur du trail) plus loin, je vois Nico qui revient tranquillement sur moi dans des chemins très techniques au profil descendant ! Il me dit avoir rattrapé 5min sur moi depuis le ravito. S’il m’attend il va devoir se trainer un boulet quoi :( A ce moment-là, on entame la descente vers le ravito de l’Orgère. Elle n’est pas super technique, mais je ne suis pas à l’aise quand même. Nico prend donc de l’avance rapidement, et je ne le vois plus quand on arrive dans une partie plus raide. Au détour d’un lacet, je reprends Nico qui s’était arrêté pisser, et on repart ensemble. On croise Ludo POMMERET (le vainqueur de l’année précédente) en train de remonter avec un pote à lui pour s’entrainer. Ils voulaient voir le podium, et font donc demi-tour avec nous pour nous accompagner dans la descente !! J’essaie d’enquiller pour ne pas me faire lâcher, et ne pas être trop ridicule quand même :), mais ils ont quand même grillé direct que je n’étais pas à l’aise :( Après qu’ils aient bifurqué au détour d’un sentier en nous souhaitant bon courage, on se retrouve de nouveau à deux avec Nico. J’arrive à me tôler une énième fois, mais ce coup-ci, je tombe sur des caillasses : le genou est ouvert et pisse bien le sang, et je me suis fait mal à la hanche. Tant que tout est chaud, je sens que ça va, je repars donc avec Nico.

Arrivée avec Nico au ravito06-descente_col_chaviere de l’Orgère au km 50 en 6h15, soit 21min après les deux premiers, toujours aux 3ème et 4ème places. Comme d’hab, on prend bien notre temps pour boire, pisser, je me lave aussi le genou, … En repartant, on sait qu’il nous reste 1000D+ et 1300D-, le tout en une montée et une descente. Le début du col de Chavière est vraiment raide, donc on marche tout de suite. Il commence à faire bien chaud, et on double de nombreux randonneurs dans l’ascension. Nico me semble toujours bien, et s’accroche à moi sans problème dans la montée. Je donne le rythme, mains sur les cuisses.

Au bout d’une demi-heure environ, on arrive sur une partie moins pentue, donc on relance sans tarder. Toute la partie intermédiaire du col est une succession de petites relances, où on alterne marche et course, et ça devient dur, mais on se motive tous les deux, et le temps passe plus vite. On arrive ensuite sur un replat, d’où on voit toutes les montagnes environnantes, et on se pose alors la question de savoir par où on va passer : aucun sentier ne mène vraiment à un col :) Peu après en avançant, on se rend compte que des petits points (des randonneurs) sont en train de monter face à nous droit dans la pente, et dans la neige : la dernière portion semble plutôt costaud de loin !!

On attaque la partie neigeuse pour accéder au col, et tout de suite, les appuis deviennent moins surs, et du coup les muscles sont encore plus sollicités ! Néanmoins, ce passage se monte quand même assez rapidement, car il n’est pas si long, et sur la partie finale, une corde a été installée, pour pouvoir monter plus aisément. Au sommet, des bénévoles et des randonneurs sont là pour encourager, mais on ne s’attarde pas, vu le froid qu’il fait avec le vent.

Le début de la descente est vraiment raide, et tout enneigé, donc on peut se laisser glisser, soit sur le cul, soit sur les pieds. Je suis bien plus à l’aise là-dessus que sur des chemins techniques, et c’est même moi qui ouvre la route devant Nico ;) Au loin on voit le ravito suivant, mais vu qu’il n’y a aucun balisage, on arrive quand même à se faire une petite galère dans la neige : on s’oriente comme on peut pour aller vers le ravito, et on finit par y arriver tant bien que mal. La partie neige est finie, et c’est bien dommage, on va maintenant se taper une descente super longue de près de 15km pour rallier Pralognan. Dès le début de la descente, Nico, qui m’avait dit qu’il voulait attaquer dans la dernière descente, part en trombe. Je ne le reverrai qu’à l’arrivée. De mon côté j’attaque la descente en sachant que je vais galérer 15 bornes, et sans trop d’envie, donc je me mets sur un rythme qui me convient, vu que normalement ça ne devrait pas revenir de l’arrière.

11-interview_arriveeLa fin est plutôt monotone, et je ne suis pas fâché d’arriver dans Pralognan aux alentours de 13h, ce qui est bien sympa, car il y a beaucoup de monde dans les rues. Je passe la ligne en 4ème position, en 8h58, 7min après Nico, et 40min après le vainqueur !! Mes deux autres collègues, Marc et Amadeo nous attendaient sur la ligne, contents de leur trail de 22km eux aussi.

Les sentiments sont mitigés sur cette course. Déjà je n’en ai pas profité comme je le souhaitais, avec dès le départ des sensations pas géniales, et beaucoup de chutes dans les descentes techniques. Le point positif c’est de terminer sans être complètement cramé, mais en sachant qu’il va y avoir du boulot pour progresser en montagne, et principalement en descente. La grande satisfaction c’est de voir que Nico pour son premier trail supérieur à 50km a géré sa course de main de maître, et que ce n’est pas une brèle comme moi sur les terrains techniques. Il va pouvoir montrer son vrai potentiel avec un peu plus d’entrainement dans 3 semaines à la 6000D !!!

 

 

 




13-freres_DUHAILL’après-midi se passe tranquillement en attendant Albin, et un autre pote d’Accrorun, Claude, qui est venu par ses propres moyens. On a le temps de se doucher, pour ma part je passe me faire désinfecter le genou, et puis on va voir les ostéos avant que Nico monte sur le podium. On a bien pensé aussi, comme après chaque course un peu longue, à bien prévenir notre mère que tout s’était bien passé, et qu’on était rentrés « entiers » ! Mais en plus maintenant il faut aussi prévenir la Capt’ain et lui faire un débrief de la course ;)

Ensuite, on attendra Albin en glandouillant au soleil sur le balcon, d’où on voit toute la ligne droite d’arrivée. Finalement il passera la ligne en 13h41, à la 167ème position sur 301 arrivants. Comme à son habitude, il est en super forme toute la soirée après ;)  Après une loooongue nuit, on repart le lendemain, sans profiter plus que ça de la Vanoise, ce qui a été dur. Mais c’est sûr qu’on reviendra !!


14-podium
15. classement

Jonathan