Le TOP se confronte aux Géants! Avec Nico DUHAIL qui revient sur sa superbe course à la 6000D



La 6000D, la course des Géants, Aimé (73), Samedi 25 juillet 2014, 65 kils, 4000mD+

par Nicolas DUHAIL, TEAM OUTDOOR PARIS – ACCRORUN 78


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02_profilLa 6000D, c’est une course de légende dont on a tous entendu parler. Y participer, c’est une autre affaire ! Pour ses 25 ans, la « course des Géants » présente un plateau bien relevé, avec entre autres, je cite : « Aline COQUARD, Sébastien SPEHLER, Stéphane RICARD, Maud GOBERT, Aurélien COLLET, Yann NOURRY, Yoann STUCK, Marc MAROUD, Joël PELLICIER, Benjamin BEAUME, Jonathan & Nicolas DUHAIL, Benoît GIRONDEL, Agnès HERVE, Cécile LEFEBVRE, Arnaud PERRIGNON, Thomas SAINT-GIRONS, Hervé GIRAUD-SAUVEUR, Emmanuel GAULT, Ludovic POMMERET ». Ah tiens, nous sommes cités dans les favoris : ça fout la pression quand même de voir son nom ici !

Après avoir été recalés au tirage au sort de la CCC, la 6000D est donc devenu l’objectif principal de cet été pour Jonath et moi. Le Tour des Glaciers de la Vanoise, 3 semaines plus tôt, a été l’occasion pour moi de découvrir la difficulté des courses en montagne par rapport à nos petits trails de région parisienne. Après une semaine tranquille suivant le TGV, j’ai fait une grosse semaine d’entraînement avant de relâcher un peu la semaine précédant la course. En tout cas, je me sens bien mieux entraîné que pour le TGV.

Pour ce trail, on est parti en minibus avec des collègues de Jonath, et Seb, de notre association ACCRORUN VILLEPREUX. On loge tous dans une chambre d’hôtes à 4km du départ. Au retrait des dossards le vendredi soir, on retrouve Agnès qui discute avec ses nombreuses connaissances sur place, et un autre membre de notre association, Claude, qui est venu par ses propres moyens. Après avoir déposé nos affaires dans les chambres, on part courir une demi-heure pour faire tourner les jambes qui sont restées immobiles 7h dans le minibus. Ensuite on décide de sauter la pasta-party organisée par la course (malheureusement on ratera donc la tarte aux myrtilles) pour manger le « repas spécial coureurs » préparé par le cuisinier de la chambre d’hôtes : spaghetti et dinde sauce moutarde, un régal.

03_departCoucher à 22h pour un réveil programmé à 4h le samedi matin : c’est une vraie grasse mat’ comparé au réveil à 2h30 pour le TGV ! En ouvrant la porte, on découvre qu’il tombe des trombes d’eau… Dur pour le moral mais bon, on fera avec. Déjà après le petit déj’, ça s’est bien calmé et c’est une fine bruine qui va nous accompagner jusqu’au départ et dans les premiers kilomètres.

Comme à mon habitude, j’arrive au dernier moment sur la ligne de départ, où je me place aux côtés d’Agnès qui a l’air en pleine forme ! Elle m’apprend qu’on ne montera pas au glacier cette année à cause des conditions météo (pas de chance, c’est seulement la deuxième fois en 25 ans que ça arrive). Cependant, les organisateurs nous ont rajouté quelques kilomètres supplémentaires pour conserver la distance et le dénivelé d’origine. On s’élance donc à 6h pour 64km et environ 3500m de D+.

Devant, ça part trop vite pour moi : j’ai bien vu à l’entraînement que sur le plat, je ne pouvais pas accrocher Jonath. Je laisse donc partir, et je suis à ce moment-là entre la 30ème et la 40ème position. Il y a environ 5km roulants au début, avant d’attaquer l’ascension vers Roche de Mio. Au loin, je vois Jonath qui a l’air en grosse forme, collé à la voiture ouvreuse, à côté d’Aurélien COLLET et d’autres cadors de la discipline. Ce qui me rassure, c’est que mon adversaire principal du jour J, Sébastien SPEHLER, est juste quelques mètres devant moi !

04_roche_de_mioArrive le plat de résistance du jour : une longue montée d’une vingtaine de kilomètres qui commence dans les sous-bois. Tout de suite, on repère ceux qui sont partis trop vite, essoufflés dès les premières pentes. Je cours quand je m’en sens capable, et je marche quand ça devient trop raide. J’essaye de repérer des coureurs avec un bon rythme pour essayer de m’accrocher à eux : malheureusement, Sébastien SPEHLER s’est déjà échappé !

À l’approche du premier village traversé, on entend déjà une grosse ambiance, alors qu’il est encore très tôt. Les spectateurs sont venus en masse, et les cloches retentissent pour réveiller ceux qui sont encore au lit J. En passant, je reconnais Rémi BERCHET, 2ème du TGV, qui est venu là en spectateur, et qui m’encourage à mon passage. Encore quelques mètres de grimpette et on arrive à la fameuse piste olympique de Bobsleigh que je vais gravir sur un air de musique classique (je ne me plains pas, car d’autres ont eu droit à du Véronique SANSON). C’est assez dépaysant de courir là-dedans, mais j’ai bien apprécié ce passage, avec une foule au sommet de la piste qui nous attend pour le premier pointage : 1h30 de course pour 14km (dont 10 minutes pour la piste de bob, j’ai chronométré ma montée). Je me trouve en 22ème position.

05_roche_de_mioLe secteur suivant va être le théâtre d’un acte malveillant, un débalisage qui va pénaliser certains coureurs, du 3ème au 15ème environ, dont Jonath faisait malheureusement partie. Ils perdront entre 7 et 10 minutes. C’est dommage car la course est faussée à cause de ça. Je vois donc, en arrivant à un croisement, ces coureurs qui arrivent de ma droite et qui sont bien sûr très énervés d’avoir perdu autant de places. La plupart ne baissent pas les bras pour autant et repartent de plus belle : je les respecte au plus haut point. Du coup, au 2ème pointage, je me retrouve 15ème sans avoir dépassé beaucoup de monde (20km en 2h01). Et surtout, je ne sais pas que je suis passé devant Jonath : cela aura son importance par la suite !

La portion qui vient est une des plus dures de la course : je vais la gravir à une moyenne de 7,5 km/h, mais pour l’instant je tiens la forme et je double certains qui sont plus à la peine que moi. J’arrive au sommet dans un épais brouillard en 2h54 (km 26) à la 12ème position. Pour les paysages, il faudra repasser : je ne vois pas à plus de 10 mètres devant moi. Enfin j’attaque la descente, où je sais depuis le TGV que je suis bien meilleurs que d’autres que je ne nommerai pas ici J. Pour l’instant la piste est large et peu technique, donc je ne rattrape pas grand monde. En plus mon ventre fait des siennes, et je dois m’arrêter sans plus attendre si je veux conserver mon caleçon dans un état convenable. Je perds quelques places sur le moment, mais au moins, je me sens bien mieux pour continuer ma descente vers le prochain pointage. Je redouble ceux qui m’ont doublé lorsque j’étais arrêté, et je passe à Plan Bois en 3h55 (km 38), toujours à la 12ème place. Par contre, pendant la course, je n’avais pas vraiment d’indication sur ma position, je pensais être vers le top 20.

06_roche_de_mioMe voici au pied de la deuxième difficulté du jour, qui a été rallongée par les organisateurs pour pallier le manque du glacier. Le col de l’Arpette, bien que court (4 kilomètres environ), va laisser des traces. Le paysage a bien changé par rapport à tout à l’heure : ici, c’est un petit single rocailleux qui monte en lacets jusqu’au sommet, et on n’en voit jamais la fin. Les passages dans les caillasses me rappellent vaguement les chemins du Trail du Ventoux, sauf que la météo n’est pas la même. J’essaye de relancer dès que possible, mais c’est vraiment dur. La pente est limite pour pouvoir courir, il faut se forcer à relancer après chaque lacet. J’ai l’impression de ne pas avancer, mais je double quand même des coureurs à la peine. De plus, un coureur derrière moi (je pense que c’était Arnaud PERRIGNON, victime du débalisage et auteur d’une sacrée remontée pour finir à la 5ème place) a une bonne allure et je fais tout pour qu’il ne me reprenne pas : mission réussie, j’ai réussi à garder un lacet d’avance sur lui pendant toute la montée. Ce secteur est bouclé à 7 km/h, à la 10ème position après 4h30 de course et 42km.

Ensuite la descente reprend, et on rejoint des coureurs du Trail des 2 Lacs qui terminent leurs 23 kilomètres. Certains sont dans leur sprint final, alors qu’il me reste encore 18km, donc je n’essaye pas de m’accrocher. Au ravitaillement de Plagne Bellecôte, beaucoup de spectateurs sont là pour encourager les coureurs, ça fait plaisir à voir. Je passe en 8ème position à l’entrée du ravito (4h45 au km 45), mais 2 coureurs me doublent pendant que je prends mon temps pour bien boire. Je repars derrière eux mais les double rapidement dans les premières pentes descendantes à la sortie du ravito. À cet instant, j’espère encore rejoindre Jonath dans la descente car je sais que ce n’est pas sa tasse de thé…

07_arriveeQuelques mètres plus loin, un bon coup de cul m’oblige à marcher, j’ai les jambes très lourdes à cet instant. Les deux coureurs me passent tranquillement en trottinant, en me souhaitant « bon courage ». Je me dis que s’ils arrivent encore à courir là-dedans, je dois aussi pouvoir le faire, et je me force à relancer. C’est dur mais j’arrive à revenir sur l’un des deux à la faveur de la descente suivante (l’autre c’était Arnaud PERRIGNON que je ne reverrai plus). Ensuite dans chaque petite bosse j’essaye de tenir son rythme, et j’y parviens non sans mal. Je sens que les jambes commencent à aller mieux, et j’arrive à le lâcher dans la longue descente qui suit, jusqu’au dernier ravito de Montchavin. Je passe en 8ème position, en 5h27 pour 54km. Plus que 10 bornes sur un profil descendant avec quelques coups de cul de temps en temps (je sais qu’il reste quand même 300m de D+ sur ce dernier secteur).

Je ne m’arrête pas au ravito et repars en donnant tout ce que j’ai. Dans cette descente, je m’éclate vraiment et même les petites côtes ne me font pas ralentir (même si j’insulte un peu les organisateurs dès que j’en vois une à l’horizon). Le problème, c’est que je ne vois personne devant, et les kilomètres défilent. Ce serait dommage d’enchaîner autant pour au final ne pas gagner de places…

Finalement, à 5km de l’08_arriveearrivée, je croise un coureur en sens inverse qui m’annonce Ludo POMMERET à 30 secondes, et « il est cuit ». Pas besoin de m’en dire plus pour que j’accélère encore un peu. En effet, quelques minutes plus tard, je l’aperçois à la peine dans une petite bosse. Il me laisse passer gentiment, je l’encourage, mais je repars de plus belle pour éviter qu’il n’essaye de s’accrocher. Pas le temps de se reposer qu’un kilomètre plus loin, j’aperçois un autre coureur (il s’agit de Yoann STUCK), mais lui a l’air bien plus frais que POMMERET. J’ai déjà du mal à le rejoindre, je me dis que ça va être compliqué de finir devant.

Nous arrivons ensemble sur la piste cyclable qui permet de rejoindre l’arrivée : il reste 3km de faux plat montant. On se jauge un peu dans cette partie, le rythme est soutenu. Je sais qu’au sprint j’ai l’habitude de me faire bouffer, donc je décide dans un virage de relancer fort pour essayer de le lâcher avant l’arrivée. Bien sûr, un bon point de côté fait son apparition à ce moment, quand je suis au summum de mon effort. Je me retourne plusieurs fois et je vois qu’il n’est pas loin, je n’ai pas le droit de craquer maintenant. Jusqu’au bout je donne tout ce que j’ai pour finir à la 6ème place en 6h11, très satisfait de ma course et surtout de ma descente ! Après une étude approfondie des temps sur chaque secteur, j’ai découvert que j’avais le meilleur temps sur le dernier secteur (Montchavin jusqu’à l’arrivée), égalité à la seconde près avec Sébastien SPEHLER : c’est encourageant !

À l’arrivée, je dem09_arrivee_avec_yoann_stuckande si mon frère est déjà là, et je suis étonné d’apprendre que non. J’espère juste qu’il n’est pas tombé dans un ravin ! La victoire de SPEHLER ne me surprend pas vraiment, mais la deuxième place d’Aurélien COLLET à 11 minutes du vainqueur m’impressionne bien plus : il y a vraiment des bons coureurs en Ile-de-France ! Après un passage au ravito je vais directement profiter des kinés mis à notre disposition. Je suis le premier à m’y rendre et c’est bien agréable que tout le monde s’occupe de moi. On m’offre même un smoothie à la banane pour récupérer. Un quart d’heure plus tard, toujours sur la table de massage, je vois Jonath arriver également pour se faire masser. Il termine 16ème en 6h31 : il m’explique le problème de débalisage. Je suis déçu pour lui car ça lui a mis un coup au moral alors qu’il avait des très bonnes jambes pour suivre les meilleurs au début de la course.

Après le massage, on repart sur la ligne pour assister à l’arrivée d’Agnès, 4ème femme et 3ème Senior en 7h26. Elle aussi a tout donné, elle est exténuée, mais elle arrive quand même à sourire dès qu’elle voit un appareil photo : impressionnant J ! Ensuite on se pose dans l’herbe pour attendre l’arrivée de tous ceux qui sont venus avec nous. Que des finishers, ça fait plaisir !

10_arrivee_agnesC’était un super week-end, une course bien agréable malgré la météo. Je reviendrai peut-être pour monter enfin au glacier. Samedi après la course, les jambes ça allait encore (merci aux kinés), mais dimanche et lundi j’avais les quadriceps en feu dès que je me levais d’une chaise ou que je descendais des escaliers : au moins ça prouve que j’ai tout donné dans les descentes ! Mardi, le retour à l’entraînement dans les descentes était costaud.

Prochain objectif, le Trail de la Côte d’Opale 62km en septembre (c’est également une manche du TTN) : pas vraiment le même profil (seulement 1370m de D+), il va falloir travailler la vitesse !


RESULTATS

12 classement


Nico