L’UTPMA : Ultra Trail Puy Mary Aubrac




Ultra Trail Puy Mary Aurillac, 105 kils, 5600 m D+, samedi 20 juin 2015 par François GALOIS, Invité Team Outdoor Paris 2015

 

Bob00002J’aurais aimé arborer les couleurs de Team Outdoor sur un podium cette fois encore (en V3 bien sûr), surtout que je portais la tenue de lumière du TOP pour la première fois, seulement voilà, le plateau des vénérables de l’UTPMA était bien trop relevé cette année !

Pour illustrer cela, des chiffres :

  • le premier V3 de l’UTPMA 2014 avait terminé en 22h30
  • le premier V3 de cette année arrive en 16h39
  • il est 22ème au scratch et passe la ligne une demi-heure AVANT le premier V2

Avec mes 20h56, je pourrai aller me rhabiller ! Bon, assez de chiffres et d’excuses, passons au texte.

Bob00004Petit retour en arrière. J’arrive à Aurillac le 19 juin vers 13h, accueilli par mon copain Bob. L’après-midi passe très vite avec le retrait des dossards, le brief dans la salle des congrès totalement comble, la bouffe du soir et le rituel de la préparation. A 23h, je suis prêt et on se rend avec Séverine et Bob, sur l’aire de départ pour l’incontournable séance de photos qui précède le départ.

A minuit pile, quelque cinq cent frontales s’élancent dans un déluge de feu et d’applaudissements. Comme Aurillac est dans un creux, ça monte dès la sortie du sas de départ. On est immédiatement dans l’ambiance de ce que sera la course. La nuit, c’est particulier. On ne voit pas bien le relief, les pierres et les racines notamment, et il faut rester très concentré. Au km 22, première descente un peu longue, 200 m pour se mettre en jambes. Assez rapidement, nous sommes confrontés à des passages dans la boue. Cela me vaut quelques jolis travers allant parfois jusqu’à la chute, en général sans gravité mais toujours pénible. Premier ravito, dans la nuit.

dsc00002A la sortie, on part pour une montée de 700 m, longue et continue. Là, on rentre dans le sérieux. Et la nuit, toujours. Après le long contournement du Puy de Bassierou où les premières lueurs de jour commencent à percer, s’amorce la descente vers Mandailles, qualifiée au briefing de « sérieuse » ou « amusante » selon les intervenants. Personnellement je dirais plutôt infernale, mais ça, c’est parce que je débute. Au début raide, sous couvert végétal, boueuse et caillouteuse, elle finit dans une zone débroussaillée pour l’occasion, hyper glissante, un véritable toboggan où les rattrapages sont quasi-impossibles. Je débaroule dans des positions très peu dignes mais relativement efficaces, et avec des débuts de crampes aux mollets qui m’inquiètent un peu. Second ravito (km37) salvateur en bas. J’éteins la frontale. Ça tombe bien, elle était pratiquement à l’agonie elle aussi.

Bob00005C’est parti pour 800 m de montée, jusqu’au Puy de Chavaroche et ses superbes cairns. Au cours de la montée le soleil arrive, le vent aussi. Un bon gros vent du nord qui vous pénètre partout et sèche la sueur instantanément. Un long chemin de crête nous amène au col de Redondet puis en direction du Puy Mary. Mais ce serait trop facile de prendre le bout de route horizontal qui amène au Pas de Peyrol. Non, on bascule dans la pente juste pour avoir la plaisir de remonter quelques km plus loin, sous le Pas de Peyrol.

De là, c’est la montée vers les anges. De l’enfer. Montée sur une rampe béton (pas glop). Puy Mary, enfin, à 1783 m. Je ne m’attarde pas car ça vente sacrément. S’en suit un magnifique parcours de crête qui conduit à la brèche de Rolland (encore une !). Petite désescalade qui déstabilise plus d’un coureur mais dans laquelle je me régale. Au-dessus, ça regrimpe jusqu’au Puy de Peyre Arse (1806 m). De crête en crête, la dénivelée s’accumule. Passage au Téton de Vénus à mi-course. A constater la façon dont les coureurs à bâtons me dépassent, je me dis que c’est pas gagné…

dsc00004Arrivé au rocher du Bec de l’Aigle, nouvelle grosse descente, amusante ou sérieuse selon les goûts, vers Le Lioran. Je me sens de plus en plus à l’aise dans les descentes et j’y vais gaillardement (attention, à mon niveau ça va sans dire, n’empêche, je redouble bien ceux qui m’ont mis minable dans les montées). Je pensais en avoir fini et arriver au 3ème ravito. Mais non, ce serait (encore) trop facile : je dois remonter une piste noire, en plein cagnard, obligé de faire des lacets tant la pente est raide. Sans bâtons (ça, c’est vraiment la grosse erreur stratégique).

Enfin super Lioran et son super ravito (km 58). Je commence à être bien entamé… Je profite de l’arrêt au stand pour changer de chaussettes après avoir délassé mes pieds sur l’herbe grasse et fraiche. Bien m’en prend car la suite chauffe bien les pieds. Le soleil est bien haut et le parcours n’est pas toujours ombragé. En route vers un des plus beaux spots de la course, le Puy Griou, cône quasi parfait.

Bob00007Cette montée, je la redoutais. Mais est-ce le fait que je me sois bien restauré plus bas ? Est-ce l’effet du changement de chaussettes ? Ou encore le fait de toucher de la roche avec les mains ? Toujours est-il que je retrouve une belle énergie et un vrai plaisir dans cette ascension que je termine en courant sur les dalles du sommet où une bande d’anglais picole joyeusement. Descente presque euphorique mais ma superbe disparait rapidement et je me traine un peu pour arriver au col du Pertus où se trouve le 4ème ravito. (km 68).

J’ai un peu de mal à en repartir. La suite est dure parce que longue, jamais plate, toujours en montée ou en descente même si les dénivelées n’excèdent pas 200 m. Mais à ce point de la course, la moindre pente devient épuisante même si la chaleur reste raisonnable.

4Au Caylat se trouve le 5ème ravito, on a passé les 80 km. Je me dis qu’il va falloir sortir le gros mental car les douleurs pointent un peu partout, notamment du côté du tibia droit qui commence à clignoter. La chaleur augmente car l’altitude baisse. Les dénivelées et surtout les pentes s’adoucissent mais j’avance de moins en moins vite. Je rejoins un petit groupe de 3 coureurs, avec qui j’irai jusqu’à Saint-Simon (6ème ravito, km 93). Et j’ai surtout le plaisir de voir Bob qui m’attend sur le bord du chemin et qui m’accompagnera sur les derniers km (et même Séverine, sur quelques centaines de mètres) ! Mon tibia me fait maintenant très mal et lorsque je cours (et marche), c’est sur l’avant des pieds pour calmer la douleur.

Bob00008La suite me semble interminable. Je peste dès la moindre montée, je peste contre les organisateurs qui nous font passer à moins de 500 m de l’arrivée (on entend les flonflons) et repartir dans l’ascension du Puy Courny qui domine la ville. A peine 100 m de dénivelée mais ces 100 m sont cruels. La descente est douloureuse avec le tibia enflammé. Enfin la ville, la Jordanne dont on remonte le cours, le goudron, les maisons, les gens, les bistrots remplis de coureurs remplis de bière ! Des ailes me poussent, la douleur s’efface et je cours pleins gaz vers le portique d’arrivée.

Bob00010Je me retrouve coiffé du béret de finisher (un objet collector) puis assis sur une chaise pour y subir une prise de sang (non, pas le contrôle anti-dopage ! juste ma participation à une étude sur le comportement du tube digestif de l’ultra-marathonien). J’enchaine par le massage, moment d’extase absolue pour mes cuisses.

La journée (bien remplie) s’achève sur un dernier moment fort : je souffle mes 61 bougies… Un immense merci à Séverine et à Bob pour ce moment et tous ceux qui l’ont précédé.


François