Mon GRP 2013 : Veni, Vedi, … Perdi !

par Pierre Bustingorry, Team Outdor Paris, Lafuma

 

GRP6.Dans mon année 2013 de découverte je voulais tout tenter, tout voir… Mais un ultra ça ne se fait pas par hasard… !

Le Grand raid des Pyrénées, c’est 3 formats de courses : un 80km (challenge Salomon en 2013), un ultra 160km et enfin un raid de 240km par équipe. Le tout dans un cadre magnifique au départ du petit village de Vielle Aure.  Dès Janvier je décide de m’inscrire pour ce mythe du trail, sans ambition particulière, avec l’envie de découvrir et d’apprendre encore. Cette envie est vite renforcée par le fait que Tonio (Antoine Allongue) et Guigui (Guillaume Vimeney) du TOP se sont inscrit aussi !

 La prépa :

Depuis Janvier les courses s’enchaînent bien avec de bonnes sensations parfois. J’ai quand même le temps de suivre un plan d’entraînement bien construit par mon coach mais surtout axé sur la vitesse et qui ne prévoit pas de dépasser les 50km… ! Je manque donc cruellement de volume à l’entraînement, je le sais mais ne m’affole pas. Plus l’échéance se rapproche, plus je dois me forcer de me rappeler que ce GRP n’est pas un objectif et que je ne suis pas préparé pour… mais l’envie de courir cette distance mythique et l’envie de bien faire me rattrape régulièrement !!

 La réco :

GRP5.

Par chance, fin Juillet, Tonio, Guigui et moi-même nous retrouvons en vacances dans le sud ouest et décidons alors de nous organiser une petite reco sur 3 jours.

Le programme :

à Jour 1 : Vielle Aure, Villelongues : 72km

à Jour 2 : Villelongues, Esquièze : 47km

à Jour 3 : Esquièze, Vielle Aure : 41km

Ayant fais le marathon du Pays Basque la vielle, je décide de me prendre une journée de repos et rate donc cette première (longue) étape ! ouf ! Après quelques péripéties, je rejoins mes deux compères pour la fin de cette reco qui aurait pu s’avérer utile (cf La course) !

 

La stratégie :

Comme je le disais plus haut, pas d’objectif particulier à part celui de finir mon premier ultra. Pas finir pour être un « Finisher » à tous prix mais finir avec plaisir et avec la satisfaction d’avoir appris…  J’avais initialement prévu de partir avec Tonio et Guigui du TOP afin de partir sur un bon rythme et de bénéficier de leur expérience et de leur connaissance du terrain (reco premier jour). Manques de bol, je me retrouve seul sur la ligne de départ, direct dans le grand bain, sans brassards!!  Du coup ma stratégie, élaborée avec Tonio la vielle de la course, ressemblait plus à : échauffement jusqu’à Artigues (km30), tranquille jusqu’à Villelongues (km 72) et sur la retenue en descente… Ensuite en fonction de la forme, je peux commencer à forcer à partir du Pic du Cabaliros (km90) et finir comme je peux ensuite !  Bref un plan simple, comme je les aime  !!

GRP4Niveau nutrition c’était  presque aussi simple : J’ai avec moi des gels punch power, des barres et des compotes énergétiques (sucre rapide et énergie) que je mange régulièrement (1 à 2 par heures) en même temps que je m’hydrate à l’eau plate.Et je m’arrête à chaque ravitaillement pour manger tout ce que je peux en moins de 5 min en favorisant le salé (pâtes, jambon, fromage,…) pour refaire le stock de sels minéraux perdus en sudation et remplir le ventre !!

Le matériel :

Niveau matos, tout le matériel obligatoire de sécurité rentre dans mon sac Lafuma speedtrail et ma tenue sur la ligne se résume à l’ensemble Lafuma (short, T shirt + manchon, buff), ainsi qu’une casquette visière, et au pied, les nouvelles Salomon S Lab XT6, parfaites pour un tel événement !  Niveau équipement je pars avec la frontale SEO7R de chez LED LENSER et son scope puissant réglable très facilement ainsi qu’une paire de bâtons télescopiques Leki gentiment prêté pour l’occasion ! J

La course :

GRP2Le jour J, réveil difficile à 2h30 du matin après une très courte nuit. Petit déjeuné pris rapidement et direction la ligne de départ ou tout le monde s’agite… La pression monte alors que les 5h00 du matin approchent à grand pas. J’arrive à me positionner aux avants postes et aperçois rapidement quelques grands noms du trail qui forcent l’admiration.  Le TOP départ est donné dans les rues de Vielle Aure sur une musique bien sympa alors que la nuit est encore bien noire. Les premiers 500m ça part vite, tout le monde veut s’extirper du peloton par l’avant afin de profiter au mieux de ce départ grandiose.  Quelques kilomètres sur la route avant de rejoindre les premiers sentiers de terres et les premières côtes. On commence à allumer nos frontales et la… j’éclaire tout le monde ! ^^

Dans le TOP 10 du moment je suis le premier à marcher (dès que ça grimpe) et je me retrouve pendant un bon moment vers la 12ème position et cela me convient très bien ! Je fais la connaissance de Ramuntxo Elissetche, un Basque du club de Baztandarrak qui finira en 8ème position, belle place pour une reprise !  Cette ascension n’est pas très technique ni très raide et j’alterne course et marche dès que la pente me le permet (quasiment plat) en m’aidant de mes bâtons.  Je remonte alors rapidement dans un TOP 10.  Nous montons à un rythme régulier jusqu’au col de Portet (km12) pour ensuite rejoindre celui de Bastanet (km20) avant d’entamer la descente assez technique jusqu’à Artigues. Jusqu’ici je n’ai pas vu le temps passer et le levé de soleil était magnifique dans cet environnement !

En 6ème position  à Artigues après déjà 3h47 de course, je me sens bien et je retrouve Antoine, mon assistant de luxe qui me suivra toute la journée ! C’est la que les choses sérieuses commencent : Ascension du Pic du midi, 10km et 1700 de D+. Ici je ne pose pas de questions et suis les conseils d’Antoine, de marcher jusqu’au sommet. Les bâtons sont une première pour moi mais je m’y suis vite habitué et la marche rapide, les passages techniques ou même les relances sont grandement facilité par leur utilisation. Durant l’ascension je double Mickael Pasero (team New Balance) qui accuse le coup. Il n’est pas au mieux dans cette longue ascension ; mais comme je lui dis, il a encore le temps de se refaire !

Pour ma part je me sens toujours au TOP et je passe au Pic (km40) en 5ème position non loin de Bruno Bareilles (team Tecnica). Pas le temps d’admirer la vue (de toute façon couvert) et je redescend vers le prochain ravito, Hautacam (km63) en repassant par le col de Sencours ou je retrouve Antoine qui me conseille fortement de manger plus, ce que je fais.  Je repars avec mes bidons à moitié plein soit ½ litre d’eau en tout pour Hautacam car c’est à 20kil mais 20kil de descente…. FAUX ! Il y a en fait 3 ou 4 col à passer, et qui dis col dis très raide !! Bref, gros coup de moins bien (hypoglycémie, déshydratation) alors que je viens de passer Bruno Bareilles sur cet enchaînement de bosses avec 100 à 200 de D+ à chaque fois.  Mais l’humeur est toujours au rendez vous et je me fais un petit plaisir en attendant Bruno qui est juste 10m derrière moi pour passer le col de Bareilles avec Bruno Bareilles ! Ca s’est fait, je peux rentrer tranquille maintenant !! J  Après avoir bu dans les rivières et dans la bouteille d’un gentil randonneur j’arrive enfin à Hautacam (km 63). Je me pose, je mange, je bois et je repars en 6ème position.

GRP3La descente jusqu’à Villelongues se fait sur une large piste et avec une pente faible ce qui permet de bien courir tout le long mais j’ai laissé des forces plus haut, et musculairement je commence à souffrir de ces chocs à répétition. Mais pas autant que Bruno qui a chuté et qui à une sérieuse envie de vomir…  Pour ma part j’arrive à Villelongues en 5ème position, à 2 min du 4ème et fatigué… A ce niveau de la course ce n’est pas bon signe, je le sais et mon moral en a pris un coup.  Ici Je m’arrête un bon moment (35min) pour reprendre des forces, me changer et même me faire masser avant de repartir sur une nouvelle course ! Les messages que je recoit par l’intermédiaire de Tonio me remotive vite et comme dis Guigui : « vas-y en mode Rambo et pas en mode Rando !!! ». Un autre point important c’est qu’à partir d’ici je connais, j’ai fais la reco 1 mois avant et je sais à quoi m’attendre.

Je repars donc en 9ème position pour la plus longue ascension de ce GRP : le pic du Cabaliros, 1830 de D+, 17km. Le massage m’a fait beaucoup de bien et je repars sur un bon rythme de marche ce qui me permet de revenir sur 2 concurrents, le tout dans un brouillard épais qui rend la navigation parfois difficile (visibilité de 5 m par endroit). Une erreur de parcours et je me fais remonter par un Madrilène qui m’a l’air bien en canne et qui n’arrête pas de parler, en espagnol en plus !! En tout cas une belle rencontre avec Daniel qui finira 6ème à l’arrivée. Le sommet du Pic se fait attendre et plus on avance, plus c’est raide ! Je passe assez fatigué le sommet (km90) en 8ème position mais relativement confiant pour la suite de ce GRP.  Je début la descente et la je ne peux pas. Chaque pas me fait mal. Musculairement je suis plus atteint que je ne le pensais… La plus grosse douleur se fait sentir sur le bas du dos. Et oui je me suis pas mal aidé des bâtons depuis le départ et je ne suis pas habitué à cet effort. De plus je ne suis pas prêt à me faire mal à ce moment la, je décide très (trop ?) rapidement d’abandonner, à peine 200m après ce début de descente…

 GRP1Bilan :

Avec du recul je ne regrette pas cette décision. Je quitte cette première expérience de l’ultra sur un bilan plutôt positif par rapport à mes objectifs : j’ai pu apprécier l’effort demandé pour un ultra, je sais ce qui me reste à travailler pour être meilleur sur cette discipline (préparation mentale, PPG +++), j’ai pris beaucoup de plaisir sur ce parcours et je ne me suis pas blessé ! 

Encore un grand merci pour vos messages avant, pendant et après la course ! Et surtout à Tonio pour le weekend, le matos, les conseils, le suivi…etc etc !

Un grand bravo à tous les coureurs de ce GRP et maintenant place à la suite et fin de saison avec 1 ou 2 beaux défis encore !

                              
                                                                                                  Pierre