Un Ecotrail 45 bien mouvementé, par Jonathan DUHAIL



Ecotrail de Paris 45 km, Versailles – Paris, samedi 19 mars 2017
par Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Poli


Cette année, pas de TTN court au programme  : j’ai prévu de m’aligner sur l’Ecotrail 80km. Avoir vu Nico l’an dernier se bagarrer pour la gagne sur cette course de la région parisienne m’avait donné bien envie. Agnès m’avait proposé d’être là pour me faire l’assistance, donc tout était bien planifié. Malheureusement, depuis fin janvier dernier, j’ai quelques petits soucis au pied gauche. Ça a commencé la semaine avant les régionaux de cross : des ganglions assez gros au niveau de l’aine à gauche. Comme je n’avais aucune idée d’où cela pouvait bien venir, j’ai laissé sans rien faire et couru la course. La semaine suivante ce fut de pire en pire et le dimanche 29 janvier, j’avais très mal sur la zone externe du pied gauche.

Après un passage aux urgences, sous l’influence de ma femme, vu que mon pied avait énormément gonflé, on me diagnostique un érésipèle. C’est une saloperie de bactérie (un streptocoque) qui pénètre dans le corps par une plaie mal soignée (dans mon cas une ampoule sous le petit orteil du pied gauche) et qui se propage. Si ce n’est pas soigné à temps, cela peut aller jusqu’à l’amputation de la jambe…

Du coup, j’ai passé 15 jours assis dans mon canapé sans rien faire et à me gaver d’antibiotiques à forte dose : ma femme m’a bien fait comprendre que j’étais insupportable dans ces conditions !! Vivement la reprise ! Pour autant, je sais bien qu’avec une coupure de 15 jours à cette période, ça va être compliqué d’être prêt pour le 80km 5 semaines après… Je demande donc à changer de course, pour finalement avoir un dossard pour le 45km, ce que l’organisation accepte gentiment.

Pour récupérer un peu après ces galères (Agnès a eu elle aussi des problèmes de santé), on décide, au pied levé, de partir en vacances près de Montpellier,  au pied du Pic Saint Loup. La reprise de l’entrainement a eu lieu le 14 février et peu de temps après, on remettait déjà un dossard sur l’Urban Trail de Nimes. Le lendemain, et quelque fois dans la semaine, je ressens quelques douleurs dans le pied gauche mais sans y prêter plus attention que ça. Pour clôturer le séjour, on finit par un trail très technique de 23km à Vailhauques. Tout semble bien se passer, mais la semaine suivante, j’ai des douleurs très vives dans le pied gauche. Cela va même m’obliger à couper totalement 5 jours. Et depuis, je ne peux plus vraiment m’entrainer tellement les douleurs sont gênantes lors de la course.

Après deux passages chez l’ostéo, je réussis à débloquer certaines choses après des séances intensives, des étirements, de la glace… Je peux recourir mais j’ai encore des douleurs dans le pied. A 10 jours de la course, je décide de ne pas y aller, c’est plus raisonnable.

La veille de la course, j’ai un rendez-vous chez le médecin du sport conseillé par Agnès. Comme elle, il suspecte un syndrôme de Morton qui devra être confirmé par une échographie. En attendant, cela ne le choque pas que j’aille faire une compétition le lendemain : la douleur qui décidera si oui ou non je pourrai courir et jusqu’à où. Après en avoir discuté avec Agnès, je décide d’aller chercher mon dossard pour prendre le départ le lendemain. Agnès qui assurera l’assistance de Nico me me fait jurer de m’arrêter si j’ai trop mal pour ne pas aggraver les choses.

Suite à un des messages laissé par ma femme à Ben sur Strava un de nos potes d’Accrorun, Karim, la contacte pour lui proposer de faire l’assistance pour Ben et moi sur le 45km. C’est vraiment cool de sa part de venir passer une bonne partie de la journée à nous suivre ! On accepte avec plaisir ;) Et en plus, ça rassure Agnès, parce que j’aurais une solution pour arrêter si besoin. C’est déjà une bonne chose d’avoir ce point-là en moins pour la stresser, parce que le fait d’assister Nico seule le lendemain lui met une sacrée pression : on fait un point ensemble sur les emplacements où elle pourra aller le voir (12 fois au total). Tout est rentré dans le GPS donc ça devrait aller. Et finalement, Arnaud, le photographe du TOP sera là pour l’accompagner !

Le matin de la course, étant donné qu’on logeait dans la vallée de Chevreuse pour la semaine, Agnès m’emmène à Versailles pour le départ. Elle attend karim et Ben pour donner les consignes sur l’assistance sur les zones de ravitaillement. Puis, elle repart chercher Nico à Villepreux pour l’accompagner au départ du 80 à Saint-Quentin. On retrouve Karim et Ben à la porte des Matelots. De notre côté, on part déposer les affaires au camion consigne en discutant tranquillement.

Après un échauffement pas trop violent quand même, on se place sur la ligne et le départ est donné. Ben prend un départ violent !! Il prend direct une avance conséquente ! Ça ne laisse pas un moment de répit, puisque tout le monde part très fort pour essayer de le suivre. Je me retrouve aux alentours de la 7 ou 8ème position après le premier kilo. A ce moment, je me dis qu’il va peut-être un peu ralentir ! Mais pas du tout, le bougre se retourne et en remet une couche (je pense que l’écart qu’il avait creusé ne lui semblait pas assez conséquent) !

Je me dis alors que si je veux rester avec la tête de course, il va falloir commencer à revenir, sinon il sera trop tard. Après un kilo où je fais vraiment l’effort pour recoller, on se retrouve à trois devant : Ben, moi et un autre concurrent qui avait suivi Ben d’un peu plus près que moi. Je me garde bien de prendre un relais étant donné le tempo très soutenu. A chaque relance, je me fais un peu distancer et j’ai vraiment l’impression que le rythme est infernal pour un début de 45km. Je recolle à chaque fois péniblement à la faveur des faux-plats montants ou descendants, mais je ne suis pas vraiment à l’aise.

Je sais quand même que Ben a fait une grosse prépa marathon et qu’il devrait être moins à l’aise dès qu’il y aura du dénivelé ;) Vivement que ça se mette à monter et descendre ! A la sortie du parc du Château, une personne sur une monoroue électrique se porte à la hauteur du concurrent avec nous. Il lui passe une grosse gourde ! Tranquille !! Je ne dis rien sur le coup tellement j’ai du mal à y croire : on se fait tous chier à porter sur nous ce dont on a besoin et le matériel obligatoire et monsieur se fait ravitailler pendant la course hors zone de ravitos !

J’en parle vite fait à Benoît peu après et arrivé au bout de la pièce d’eau des Suisses, voilà qu’ils remettent ça. Je demande donc au gars s’il est au courant que les ravitos sont interdits hors zones ? Et là il me répond de ne pas m’inquiéter, que ce n’est pas du ravitaillement mais de l’oxygène !……S’ensuit une discussion assez surréaliste où le ton monte : je lui explique que, déjà, on n’a pas à prendre de l’oxygène en course et que si il a besoin d’oxygène pour courir bah il prend la bonbonne avec lui sur son dos ! Soi-disant que c’est une expérience scientifique et que tout a été vu avec l’organisation…. Après lui avoir signalé que j’irai vérifier avec l’organisation à l’arrivée, bizarrement on n’a plus vu de trace de la bonbonne pendant la course….

Heureusement que Ben était là pour calmer un peu le jeu et nous dire qu’on était là pour faire la course parce que cette histoire m’avait quand même bien mis hors de moi. On sort alors de Versailles pour monter en direction des bois de la Minière et ensuite redescendre sur Buc.

Entre Buc et Jouy, on nous informe que ça a été débalisé un peu plus loin. Pas de quoi m’inquiéter, je connais par cœur cette partie de la forêt et je sais que nous devons rejoindre la gare de Petit-Jouy Les Loges avant de remonter vers Vélizy. Arrivés à la gare, nous signalons aux bénévoles que le parcours a été débalisé.

Pour le moment, nous sommes toujours trois et le rythme me convient bien mieux. Je vois bien que Ben lâche un peu de lest à chaque montée. Mais il recolle directement sur le plat. Par contre, notre concurrent me semble très à l’aise et ne montre pour l’instant aucun signe de faiblesse. De mon côté, tant que l’on était sur du terrain vraiment stable, je n’avais pas de douleur trop forte au pied, mais arrivés dans la forêt de Porchefontaine, les chemins commencent à être moins propres et je commence à avoir mal.

Après avoir enchainé quelques bosses, je ne vois plus Ben derrière nous. Je me retrouve seul avec Hamid BELHAJ. Nous arrivons au ravito du km25 à Chaville en 1h35 environ. Karim est bien là avec un verre d’eau gazeuse et une flasque de boisson Eafit que je lui laisse finalement parce que je n’ai pas bu tant que ça. Il m’encourage à ne pas trainer car Hamid ne s’est pas arrêté. Je le rejoins peu après le ravito et nous arrivons très vite aux Étangs de Ville d’Avray. Le rythme est toujours soutenu, mais aucun de nous deux ne lâche l’autre.

Dans le Parc de Saint Cloud, nous commençons à doubler des concurrents du 30km. Le second ravito est déjà en vue au km35. Nous y sommes en 2h18 et je retrouve Karim en pleine forme qui me donne comme prévu la flasque de boisson, un verre d’eau gazeuse qu’il m’a resservi vu qu’Hamid a bu le premier qu’il m’avait préparé…. Karim va aussi me chercher un coca lorsque je lui dis que j’en prendrais bien un ! Nickelle l’assistance. Je lui demande des nouvelles de Benoit : il est ressorti à 2min de nous environ à Chaville.

En repartant, je sais qu’il ne reste plus que 10km et une seule côte. Néanmoins, mon pied commence à être plutôt douloureux et quand Hamid me propose de terminer ensemble, je lui dis OK, afin de ne pas avoir à forcer dessus comme un fou pendant les 10km restants tout en zigzaguant entre les concurrents du 30km. Bon, je l’attends finalement à deux ou trois reprises sur les quais. Nous arrivons à la Tour Eiffel en moins de 3h, comme je l’avais annoncé à Agnès avant le départ.

A l’arrivée et après contrôle du matériel obligatoire, Hamid est pénalisé de 30sec pour ne pas avoir pris de gobelet. Étant donné que Ben arrive 5min derrière nous, il reste quand même deuxième. Bertrand GENCE et Vincent GUIVARCH complètent le top 5.

Après s’être changés et avoir débriefé la course avec Ben et Karim, je prends le métro à Trocadéro pour aller rejoindre Agnès et Arnaud pour voir Nico sur la fin de parcours. Je prends encore deux bus pour me retrouver à Ville d’Avray où Nico doit passer normalement en deuxième derrière Manu d’après les pointages que me donnent Agnès et Arnaud. Ils me rejoignent et on a pu voir plusieurs fois Nico jusqu’à l’arrivée à la Tour Eiffel. Mais vous en saurez plus sur sa course en lisant son compte-rendu !!

Jonathan