La SaintéLyon par Thomas Balabaud, Team Outdoor Poli

Après une année compliquée, La SaintéLyon était mon objectif de saison, et pas question de le manquer. C’est une course que j’ai déjà faite en 2016 et qui me tient particulièrement à cœur car elle se trouve dans la région d’où je suis originaire. C’est l’occasion de revoir ma famille mais aussi d’inviter les copains traileurs. Edouard Dupas fera partie du voyage, et signera une magnifique 2ème place sur la SaintExpress.

Je me lance donc dans une prépa intense. Tout se passe parfaitement jusqu’à l’apparition de quelques douleurs au tibia… Maudite périostite (inflammation de la membrane du tibia) ! A J-13, la douleur est là, elle me fait hésiter mais je m’élance quand même sur le 30 km de la Sans raison. Les sensations sont très bonnes sur la course mais les jours suivants, la douleur m’empêche de reprendre le chemin de l’entrainement. Je n’ai pas le choix la coupure est inévitable. Je m’arrête de courir 9 longs jours sans savoir s’il sera possible de prendre le départ, dur pour le moral.

A J-4, je tente de courir, la douleur est présente mais à chaud c’est supportable. A ce moment là, je ne sais pas si je finirais mais j’en suis sur je serai sur la ligne samedi soir. Je me retrouve donc dans le sas élite avec du beau monde. Je retrouve le copain Casquette Verte qui a déjà 76 km dans les pattes, il gagnera la course sur l’aller-retour. Chapeau l’artiste ! Ma femme et mon papa sont là pour m’accompagner toute la nuit. Je suis très touché, l’émotion est grande et j’espère ne pas les décevoir.

C’est parti pour 76 km et 2100D+ et ça part vite !!! Je gère tranquillement mon effort, les sensations sont excellentes. Je remonte progressivement dans la course. Au 18ème km je suis classé 19ème. Après 1h30 de course il commence à pleuvoir sérieusement ! J’arrive à Ste Catherine, je suis trempé et décide de me changer et d’enfiler ma veste de pluie. Je retourne mon sac de ravitaillement, mais je le retourne sans la trouver. Je deviens fou et n’imagine même pas faire 45 km sous cette pluie battante sans une couche imperméable. Je repars du ravito, avec un sacré coup au moral. Je me souviendrai, quelques km plus loin, qu’elle était dans mon sac de trail, sur mon dos…

Je continue mon chemin. Je suis seul au monde, dans la nuit avec uniquement le faisceau de ma frontale qui se balance devant moi. C’est très calme, seul le bruit de la pluie sur ma veste trouble ce silence. Cette solitude est agréable, on en oublierait presque la compétition. Je me retrouve à une bifurcation, le balisage n’est pas clair et je me trompe de chemin. Après quelques mètres je fais demi-tour. A ce moment de la course des troubles digestifs m’obligent à m’arrêter plusieurs fois. La course continue et cette fois, les montées me brûlent les fessiers et les descentes assassinent mes quadriceps.

Arrivé au ravito, je suis exténué, j’ai mal aux jambes comme jamais. Les visages de papa et d’Audrey me remontent le moral et me motivent à continuer. Je repars tranquillement loin de l’allure des premiers kilos avalés en 3’45. Puis, très rapidement, ma frontale s’éteint. Pas de panique je m’arrête et prend celle de secours qu’un copain m’a prêtée. Je la mets sur la tête et là c’est le drame… Les piles sont HS… Je ferai 20 kilomètres à la lueur des frontales des relayeurs trop rapide, et des coureurs de la SaintExpress que je rattrape. Une vraie galère d’autant plus que le terrain est très gras ce qui rend le parcours vraiment technique !

Arrivé dans Lyon, ça sent bon la fin. Je livre mes dernières forces dans cette SaintéLyon et coupe la ligne 12ème en 6h34. Je retrouve mes deux accompagnants qui auront été géniaux tout au long de la nuit.
Il y a aussi mes copains de la SaintExpress qui auront attendu pour voir mon arrivée. Merci à tous !

J’ai quelques regrets sur ma gestion de la course, surtout que Yohan Stuck, 9éme, n’est qu’à 1’30. Le point positif c’est que ma périostite ne m’aura fait souffrir que la première heure. Maintenant place à beaucoup de repos pour revenir au TOP en 2020.

Thomas