Le marathon de Sauternes par le quatrième mousquetaire, Thomas BENICHOU



Marathon de Sauternes (33), dimanche 24 mai 2015

par Thomas BENICHOU, Team Outdoor Paris, Château CLIMENS



  1. Préparation

10003590_819544064796609_6445715914584975905_oCette année, j’avais prévu de faire le marathon de Londres avec mon travail, puis finalement on n’a pas pu le faire. J’ai eu la possibilité de faire celui de Paris, mais du coup je n’étais plus motivé pour faire un marathon en avril. Et vu que le château Climens m’avait relancé dès le mois de janvier afin de savoir si comme l’an passé je souhaitais courir le marathon de sauternes sous leurs couleurs, j’ai donc accepté avec joie, d’autant que l’accueil qui nous avait été réservé en 2014 était vraiment génial.

De plus la région est vraiment magnifique, et c’est un réel plaisir de courir au milieu des vignes et des châteaux, tous plus beaux les uns que les autres, et pour certains 1er crus classés (Climens, Guiraud, la Tour Blanche etc.) ou le seul 1er cru supérieur (Yquem !)

Le marathon de Sauternes n’est pas un marathon roulant, et c’est donc en suivant une préparation surtout basée sur un gros volume que je me suis préparé. Pas de grosses sorties à allure marathon, pas de prise de tête, le seul objectif sera de me faire plaisir et d’essayer de rester le plus longtemps possible aux avant-postes, et surtout de finir plus frais que l’année dernière (1h30 au poste de secours, complètement desséché !).

Les mois précédents se sont plutôt bien passés, avec aucune blessure, un bon chrono sur 10km à Sénart le 1er mai (31’58) et plusieurs courses avec de bonnes sensations, mais aussi quelques bonnes séances effectuées. Après, un marathon est assez particulier car tout peut arriver, notamment des soucis gastriques ou des crampes ! Donc on ne se prend pas la tête et on verra !

  1. Avant-course

P1280676La semaine précédente, nous étions en vacances dans les Landes avec ma femme et mon fils, et c’est donc tout frais et bien reposé que je me présente le matin du marathon. C’est d’ailleurs bizarre comme sensation, j’ai l’impression de m’être trop reposé et du coup d’être ramolli. Mais les sensations du matin ne veulent rien dire, on verra pendant la course ! Le plus important pour moi est de faire une course sans soucis gastriques, c’est donc avec joie que j’avale 2 smecta avant le départ…

Je croise Jonathan DUHAIL de la TEAM, le vainqueur de l’an dernier, je sais qu’il est très fort sur ce genre de parcours, et ce type de distance (30-40km). Mais je sais aussi qu’il gère bien ses courses, et qu’il ne partira pas trop vite non plus. Je vais donc essayer de le suivre sans trop me griller, et suivant ma forme, je verrai bien comment se passe la fin de course.

Il y a aussi Nicolas DUHAIL, son frère, également de la TEAM, mais qui semble moins fort que l’année dernière, Guillaume VIMENEY, Manuel FERREIRA etc. Bref la concurrence s’annonce encore une fois relevée, et il ne faudra pas qu’il m’arrive un coup de mou, sinon je vais perdre beaucoup de places rapidement !

Étant peu habitué à cette distance (c’est seulement mon 4ème marathon), je me contente d’une petite mise en jambe d’une dizaine de minutes, histoire de ne pas partir trop à froid non plus.

  1. Départ-10km

42Ça y est, le départ est donné, avec 5 minutes de retard. Je redoutais la chaleur, mais pour le moment ça va, il ne fait pas trop chaud, et surtout le ciel est couvert ! Mon pote Stéphane Tilliard, qui habite sauternes et qui fait le marathon en duo en tant que 1er relayeur (23km) nous a trouvé un accompagnateur à vélo, et c’est vraiment sympa de sa part ! Gilles, le cycliste, va donc nous suivre toute la course, et Stéphane et moi devrions être ensemble pendant la course, car il est bien en jambe en ce moment.

Les premiers kilomètres d’un marathon ne sont jamais violents, il s’agit surtout de trouver un bon rythme, et de ne pas se griller. Nous nous retrouvons à 5 coureurs en tête de course, Jonathan, Guillaume, Manuel et moi ! Le 5ème est Stéphane, qui court en duo. Pardon il y a un 6ème coureur, un espagnol qui fait aussi le duo, et qui court n’importe comment, il prend 10m d’avance, puis décroche, puis accélère de nouveau. Bref, au bout d’une petite demi-heure, il disparait. Etrange comme tactique de course… Ou débile. Ou les deux.

40Ces 10 premières bornes passent assez vite, et l’ambiance est bonne enfant. Ça discute un peu, on profite du paysage, on traverse le château Climens au 9ème km, pour lequel je cours, et qui produit un magnifique vin bio depuis 3 ans. Finis les pesticides etc. Tout est traité avec des plantes, c’était impressionnant quand on nous a expliqué ça la veille. Guillaume en profite pour enlever son débardeur et courir torse nu, car il commence à faire lourd. Pas très chaud, mais très lourd…

  1. 10km-23km

11230740_819530221464660_3498998150243350987_oComme je l’avais prévu, je ne regarde pas ma montre, d’autant que les kilomètres ont été mal placés. Je cours donc à la sensation, et je reste derrière ou à coté de Jonathan. En plus avec son presque double mètre, on est pas mal dans sa foulée. A partir du 13-14ème km, la course commence un peu à se décanter, Guillaume, Manuel et Stéphane, décrochent légèrement.

Au passage sur « mon » pont, celui où je m’étais arrêté l’an passé pour me vider, et même si Guigui et Manu sont à une vingtaine de mètres derrière, j’ai le droit à un bon chambrage en règle : « thomas c’est là, arrête-toi ! » Ok, je m’incline c’était marrant, et ils n’ont pas oublié ! Un bon fou rire en courant ça ne fait pas de mal.

Comme je le disais, je me retrouve avec Jonath en tête et lui, contrairement à moi, regarde sa montre à tous les kilomètres, ses temps de passage etc. On discute un peu mais pas trop, car on tourne en 3’35/km, on se ravitaille bien, bref tout va bien. Nous passons le semi en 1h15-16, je ne sais pas trop, mais Jonathan me dit 1h17 ! Non non on est plus rapide que ça. Le terrain est un peu vallonné, et après un premier passage dans le village de sauternes, nous arrivons dans le parc du château Filhot, où sera jugée l’arrivée. A ce moment-là je suis juste derrière Jonathan, mais plus pour longtemps.

  1. 23km-34km

photo_719En effet, à la sortie du parc, Jonath prend 5m d’avance, et je ne cherche pas à recoller tout de suite, car il reste quand même 19km, et le soleil est bien présent pour cette seconde partie de course. Est-ce lui qui a accéléré ou moi qui flanche un peu ? Ou un peu des deux ? Je ne sais pas, mais l’écart augmente sensiblement, mais pas trop. En effet au 30ème km, il est encore juste devant moi (40m à peine), mais moi de mon côté je commence à me sentir un peu moins bien. Et surtout je transpire énormément et je commence à avoir vraiment chaud…

47Enfin, j’en arrive à compter les km à l’envers, (reste plus que 12-11-10 etc.) et ça ce n’est pas bon signe grrr ! De même, je commence à perdre en lucidité, et au lieu de me ravitailler, notamment en eau, je me dis que ça va aller qu’il ne reste plus que 8km, qu’il ne faut pas que je faiblisse car derrière ça peut revenir à tout moment ! Gilles est toujours à côté de moi, et me donne malgré tout un peu d’eau.

A partir de là, mon objectif est de conserver ma seconde place, peu importe le chrono. D’autant que Jonathan lui n’a pas l’air de faiblir devant, et au 33-34ème km, il possède maintenant une centaine de mètres d’avance. Surtout mon champ de vision se réduit un peu et j’ai l’impression que les kilomètres s’allongent. Merde !

  1. 34km-arrivée

Le trou noir, 黑 洞, the black hole, ブラックホール, das schwarze Loch, il buco nero, الثقب الأسود,



  1. Après-course

photo2_380Je reprends mes esprits, et je suis dans un lieu que je connais bien, la tente de la croix rouge, avec beaucoup de crampes… Je siphonne une bouteille de Saint-Yorre cul sec, puis une deuxième. Au bout de quelques minutes, je vais mieux, et on m’explique alors que j’ai fait une légère hyperthermie (38,5°), avec une petite déshydratation. Une kiné très gentille s’occupe de mes crampes, et au bout de 30 minutes, j’ai froid ! C’est signe que cela va mieux, bizarrement. Le temps de boire une troisième bouteille de Saint-Yorre, et au bout d’une heure passé sur un brancard, je peux enfin sortir de la tente.

Une petite anecdote : la kiné m’a reconnu (de l’année dernière), à cause de l’état de mes pieds, pourris et avec des ampoules partout. Quand elle a vu ça elle a regardé ma femme et lui a dit « mais il n’était pas déjà là l’année dernière ? » Si si il était là… Elle ne s’est pas souvenue de ma tête, mais de mes pieds !

photo2_389Une fois dehors, je peux enfin retrouver tous les coureurs, Tony et Silvain, qui ont terminé seconds en duo, leurs épouses respectives, mon fils et ma femme, Guillaume et sa femme, tous les enfants, mais aussi Agnès, Jonathan et Nicolas, Manuel et Stéphane etc. Bref une ambiance comme on les aime, avec un soleil au beau fixe, un super ravitaillement, et un orchestre de bandas, du sud-ouest.

Au final je termine 2ème, et par équipe nous l’emportons avec Guillaume et Éric Destrade pour le château Climens. Le podium hommes est 100% Team Outdoor, avec Jonathan et Nicolas, et Agnès l’emporte chez les femmes.

P1280743Après la remise des récompenses, nous sommes reçus au château par la propriétaire, Mme Lurton, pour un repas convivial, d’une qualité exceptionnelle, le tout assorti d’un vin 1er cru (Climens bien sûr) comme je n’en avais jamais bu ! Tout le monde est content, les enfants jouent dans la cour, et on sort de table à 17h passée !! Bon ok on a commencé à manger à 14h30 mais quand même !

Encore une fois nous avons passé un magnifique week-end, et cette région est vraiment belle ! Tout le monde est ravi.

 

  1. Les prochains objectifs

J’ai très peu d’objectifs au sens propre du terme. Mon prochain réel objectif est le marathon de Rotterdam en 2016, sinon je vais continuer à me faire plaisir sur des courses. Je vais aussi essayer de battre mon record sur semi à l’automne, mais je ne sais pas encore où.


Thomas