Le trail des Maures, 21 kils, 1200mD+, 26 mai 2013

par Matthieu BOURGUIGNON – Team Outdoor Paris – LAFUMA

TM1Que de plaisir à profiter un peu du soleil en ce mois de mai plutôt dépitant côté météo !!!

Je n’avais pas eu à vraiment prendre sur moi pour promettre à Tonio du TOP que je viendrais participer à ce trail qu’il organise dans ce joli pays des Maures. Une des distances me convenait parfaitement, le climat ne pouvait qu’être agréable, cette région est vraiment magnifique, et rien que pour le nom « Maures » et tous les jeux de mots que je vais du coup me permettre dans le récit qui va suivre, il était évident que j’étais tout bonnement heureux d’être là.

Et pourtant, à seulement 1 semaine du trail, alors que je commençais à vraiment bien me sentir sur les entrainements et que j’avais dans l’idée de sortir une belle course et de batailler pour le podium malgré le plateau relativement relevé, c’est la catastrophe… Entorse de la cheville sur le circuit des 25 bosses !!!  Cela faisait maintenant 6 ans que je n’avais pas connu la blessure (et qu’accessoirement je m’en passais très bien) et c’est un vrai coup au moral que je prends ce samedi 18 mai.

En rentrant chez moi en voiture j’en ai les larmes aux yeux mais c’est comme ça et il faut faire avec. Et puis je suis quelqu’un de positif donc voilà, je vois le bon côté des choses : Je vais devoir me reposer et c’est peut être une bonne chose, je peux faire du vélo tout de même, et puis je profiterais de mon petit séjour dans le sud pour m’aérer la tête et soutenir les valides. Bon je garde tout de même l’espoir de prendre le départ de la course avec un strap préventif à la cheville mais seulement si je n’ai plus mal, il est hors de question d’aggraver la blessure et de foutre en l’air toute la fin de la saison.

 C’est donc reposé physiquement que j’arrive à Toulon le vendredi matin et qu’Antoine me conduit dans son charmant village de Collobrières où va se dérouler la course. Finalement cette blessure m’a ôté toute pression (sauf celle du comptoir) et je suis de très belle humeur. En plus, en seulement 5 jours, même si elle est toujours sensible et bien volumineuse, ma cheville ne me gène aucunement et je pense déjà courir le dimanche. Je teste donc les sensations de suite en aidant Tonio à baliser le parcours du 12kms et comme espéré, aucune gêne, je sais donc que je serais au départ du 21km.

Le samedi après midi, un petit footing est organisé avec une partie des coureurs « teams » qui seront au départ le dimanche, c’est l’occasion de papoter entre autre avec Lisel Dissler (qui recommence tout juste à courir suite à une opération), avec Sébastien Nain (de retour de la Transvulcania quelques semaines plus tôt), et de se voir proposer par les photographes officiels une séance shooting fort sympathique. Le soir, repas collectif durant lequel je croise Jean Paul Battesti qui est un des favoris du lendemain avec lequel nous échangeons sur la stratégie à adopter puis direction le lit afin de se reposer un minimum.


Nous y voilà, c’est le grand jour, la cheville est toujours gonflée,
je n’ai pas eu envie de strapper, et j’ai envie de m’amuser et donc de tenter ma chance. Je suis en 2ème ligne, il va falloir partir vite car nous attaquons directement par 550m de D+ dont toute une partie est en single. Hors de question de se retrouver bloqué derrière et de devoir batailler pour passer. Je préfère s’il doit y avoir un bouchon en être le responsable plutôt que de le subir.

Au signal, ce sont quelques 380 traileurs qui s’élancent tels des morts de faim. Battesti place ce qu’il appelle une « banderille » pour voir s’il y a du répondant puis se relève un peu au bout de 500m. Je passe de suite et relance à mon tour, puis c’est Fabrice Arnaud qui en remet une couche.  Ca monte maintenant très raide et nous insistons, je me retourne pour voir les dégâts causés par ce départ rapide, et bien il n’y en a pas !!! Nous sommes encore une vingtaine à ne rien lâcher.

Il faut donc insister, je prends le mors aux dents et relance mordicus, je grimpe tel un mort de faim cette 1ère côte du massif des Maures. Ce trail ne sera pas moribond, il sera mortel comme une ballade en Mordor, un apéro mormon, un sort de Voldemort. Il est certain que ceux qui ont fait un départ prudent ramasseront les morts plus loin… Même pas deux kilomètres de passés et les jambes brûlent déjà, il faut vraiment être mordu pour passer outre et ignorer les sensations, mais dans ces conditions, l’excitation agit comme une dose de morphine. (Je m’excuse platement mais je n’ai pas pu me retenir…)

TM6Arrivé en haut de la première montée, deux coureurs, dont Hervé Giraud Sauveur, ont pris la poudre d’escampette et comptent environ 40s d’avance sur un groupe de 3 que j’emmène. Nous sommes désormais sur le plateau de Lambert célèbre pour ces menhirs au milieu desquels l’organisation a eu la bonne idée de nous faire passer et nous attaquons une portion du parcours relativement roulante qui s’étend sur environ 4km. Ce n’est jamais plat mais cette succession de faux-plats montants et descendants me convient parfaitement et me permet de lâcher mes comparses et de revenir un peu sur les hommes de têtes.

Après un passage en crête tout près du gouffre du Lambert, nous attaquons la première vraie descente du parcours. Sans être trop technique, celle-ci se fait à très vive allure et j’appréhende du coup un peu pour ma cheville mais en fait je n’ai aucun gène, le dénivelé négatif se passe vraiment bien et me permet même de me rapprocher un peu plus des échappés. En bas de celle-ci, au pointage intermédiaire de la course, je n’ai plus que 12s de retard sur la tête de course que j’ai de nouveau en visuel et ai creusé un écart d’1 minute sur mes poursuivants. Les sensations sont de plus toujours très bonnes et je commence à croire sérieusement en mes chances pour la fin du parcours.

A l’exception d’une petite portion d’une trentaine de mètres en fin d’ascension tracée drée dans le pentu via une draille de chasseur, tout se passe en trottinant et malgré quelques durcissement des mollets, je suis toujours bien en haut de cette dernière difficulté et compte bien m’employer à revenir maintenant sur la tête de course. L’idée était à mon avis vraiment excellente, voir même réalisable,  mais le choix de trajectoire au moment où j’ai perdu de vue les rubalises le fut beaucoup moins…  Me voilà donc perdu en pleine nature. Je sais pour avoir fait avec Antoine la fin du parcours qu’il doit y avoir un chemin plus bas et je trace droit dans le pseudo chemin que je crois déceler au milieu des arbustes (épineux pour la plupart, tant qu’à faire autant galérer pour de vrai) en espérant retomber sur ce chemin cité précédemment.

J’ai à ce moment une vraie baisse de moral car je tenais à bien finir et je m’étais mis à rêver d’une éventuelle victoire. Je sais que c’est désormais foutu et je pense juste à rallier l’arrivée d’une façon ou d’une autre. Un court moment après (qui m’a paru une éternité), j’aperçois enfin le chemin. En fait je réalise vite que ce n’est pas du tout celui que je visais mais c’est déjà ça, il me faut juste traverser une petite propriété en m’emmêlant un peu dans un grillage pour enfin poser mes pieds sur ce terrain stabilisé. Je m’oriente tant bien que mal et après 1 petit kilomètre, je vois d’un coup passer au loin un autochtone dans une tenue bien singulière. Il porte de curieuses nippes moulantes toutes blanches et vient de couper mon sentier à très vive allure. Réflexion faite, ce n’est ni un guerrier Maure ni un chasseur qui ferait mourir de rire les animaux à coup de déguisement. Mais oui bien sur, c’est un traileur !!!

Ni une ni deux je relance la machine et me met en tête de poursuivre le fuyard, je le rattrape assez rapidement et voyant qu’il est seul, je lui demande par réflexe son classement. Il me dit être 7ème. Un rapide calcul très poussé me permet de me situer. 7 moins 1 puisque je me suis perdu moins 1 puisque je le redouble égal 5. Bon c’est moins bien que ça ne l’était mais c’est tout de même très correct vu le niveau de la course. Ayant reconnu la fin du parcours, je sais ce qu’il me reste à parcourir et j’accélère un peu pour semer mon furtif ami et finir sereinement.  Lors de mon passage sur la ligne, on m’annonce 4ème ??? En fait, Thibaut Garrivier qui occupait la tête s’est égaré plus que moi et finira très loin au classement.  C’est Jean Paul Battesti qui gagne en ayant fait une énorme remontée sur la toute fin grâce à ses impressionnantes qualités de descendeur. Il devance Hervé Giraud Sauveur de 9 petites secondes et je finis pour ma part à 3 minutes de la tête.

TM7Sur le moment, je suis un peu déçu car je pense que j’avais mes chances sur cette course. Pour être honnête, Thibaut aurait certainement gagné mais j’aurais je pense fini à la lutte avec Hervé et Jean Paul. Tout du moins nous aurions pu mener un très beau combat pour cette victoire finale nous tenant tous les 4 en une trentaine de secondes. Ce sont cependant les joies du trail, il est possible qu’un jour ce soit l’inverse qui se produise et que je profite à mon tour d’une erreur d’un autre.

Après coup, je suis tout de même vraiment satisfait de ma forme sur cette course, j’ai été bien tout du long et les jambes tournaient vraiment très bien (pour comparaison, nous sommes 6 à battre le temps de référence de la course). Je n’ai qu’à finir de guérir ma cheville et je devrais être en forme pour les objectifs de l’année qui arrivent. De plus, j’ai vraiment passé un super week-end et j’y ai croisé plein de coureurs vraiment sympathiques. J’ai eu le droit pour me consoler à un joli panier plein d’excellents produits locaux et à un podium puisqu’ici il n’y a pas de cumul des lots entre classement scratch et classement par catégories (les deux 1ers étant Vétérans, je suis sur le podium sénior). A ne pas oublier également la gentillesse des bénévoles et de toute l’équipe organisatrice qui nous a vraiment superbement accueilli, et bien sur la bière pression à la châtaigne pour les coureurs à l’arrivée.

 Un trail à vivement recommander en tout cas et que je descendrais faire à nouveau avec le plus grand plaisir.

Matth


Matériel utilisé par Matthieu sur le trail des Maures  : le tee shirt LAFUMA SPEED TRAIL ZIP, le cuissard LAFUMA SKY RACE, les chaussures BROOKS PUREGRIT, voir ici