Le Trail des Villes royales, entre Versailles et Rambouillet par équipe


Trail des Villes Royales 2018 – dimanche 18 février 2018,
51km – 1000m D+

Arnaud DETHOREY – Nicolas DUHAIL – Arnaud MENARD, Team Outdoor Poli


1. Le contexte

Pour la deuxième édition de ce trail entre Versailles et Rambouillet, nous avons décidé de participer au relais. Le solo est parfait pour préparer l’EcoTrail 80km, mais dans une prépa marathon, ça fait un peu long. L’objectif annoncé est clairement de battre l’équipe ACCRORUN VILLEPREUX (composée de Denis, Laurent, et Hadrien), l’association de trail dans laquelle Arnaud M. et moi sommes inscrits. Pour Laurent, le capitaine de leur équipe (et tout récemment élu président de l’association), c’est l’objectif majeur de sa saison. Notre inscription tardive a été ressentie comme un coup de poignard dans le dos, à tel point qu’Arnaud M. doit éviter les croche-pattes à chaque entraînement !

2. Relais 1 (Versailles – Chevreuse) – 21km – Arnaud DETHOREY

J’arrive juste 15 minutes avant le départ après m’être emmêlé les pinceaux dans les trains pour rallier Versailles (qu’est-ce que c’est galère de se rendre en province…). Le temps de saluer les collègues en jaune, de me mettre en tenue et de m’échauffer vite fait, je suis déjà sur la ligne de départ.
Paf c’est parti ! Je me prends une mine d’entrée de jeu par un gars qui court avec une banane à la main en papotant avec l’ouvreur en VTT. Je vérifie ma montre au kilomètre 2 où je passe 7’15″/20″…

Pour un semi nature avec des appuis fuyants dans la terre et la boue c’est plutôt honnête comme allure de départ. Pour que le mec me mette 30″ sur 2 kilomètres à 3’40 » je me dis que soit il a une gestion de course à la Walmsley et je le reprendrai dans 10/15 bornes, soit il est très costaud et je vais me prendre une grosse fessée. Je ne l’ai plus jamais revu….

Je me retrouve donc deuxième rapidement esseulé avec un concurrent qui me suit à une bonne minute. Je comprendrai après qu’il s’agit de Thomas BENICHOU vainqueur du trail en solo. Il est costaud le coquin car il reste en visuel, malgré un passage au 10ème km en moins de 40 minutes avec deux belles bosses et un terrain usant dans les champs avec des appuis de merde dans la boue.

Devant on m’annonce le premier à deux minutes aux kilomètres 7, 13 et 17… L’honneur est sauf, je me suis pris une grosse bastos au départ mais l’écart a l’air de se stabiliser.
Et là c’est le drame. À 3 kilomètres de mon passage de relais, dans une descente assez roulante, je vois de la rubalise dans un petit chemin à gauche en sous-bois à 30m. Je m’engouffre. Il y a deux autres petites rubalises qui suivent puis plus rien pendant 400m …le fléchage est plutôt chiche depuis le début de la course donc je ne me suis pas inquiété mais là ça sent le sapin… Je m’arrête et ne vois personne revenir. Merde j’ai réussi à planter mon relais…

Je retrouve la trace après 6 minutes de jardinage, recolle le tracé avec le relayeur d’ACCRORUN en 3/4ème position, fais un dernier effort pour recoller David WAMSTER, deuxième du solo, et passer le relais à Nico dans une position de merde avec 8 minutes de retard 😁. Hauts les cœurs!

Le point de vue d’Arnaud MENARD :

C’est parti pour Arnaud D., dès le début il est second. Il va vite… Avec Nico et Arnaud F., nous le retrouverons au 2ème, au 6ème puis au 13ème km. Arnaud D. est à 2’30 » du 1er. Il gère très bien. Ensuite, nous allons directement à l’endroit du 1er relais (21km). Le 1er coureur arrive en 1h29… Arnaud n’est pas là 3min après ?? Que se passe-t-il ? Laurent, équipe ACCRORUN VILLEPREUX, nous informe qu’Arnaud D. est dans un groupe plus loin et qu’il est peut-être blessé – c’est le seul moment ou Laurent y croyais encore à sa victoire à l’objectif de l’année….- … Finalement, Arnaud sera là en 1H37, 8′ de retard.

Le point de vue de Nicolas DUHAIL :

Nous assistons au départ d’Arnaud D. autour de la Pièce d’Eau des Suisses. Comme je m’en doutais, Bertrand GENCE est parti très fort, Arnaud va devoir être costaud s’il veut s’accrocher. Il passe devant nous en deuxième position, quelques secondes derrière Bertrand. Au moins, il est devant les solos, l’honneur est sauf !…. Après quelques kilomètres, l’écart est aux alentours des 2 minutes, ça reste correct : j’espère juste qu’Arnaud va réussir à conserver son allure jusqu’au bout pour rester au contact. Derrière, les relais suivants sont à 1 minute environ. ACCRORUN pointe en sixième position car Denis s’est déjà perdu : Laurent devient fou……

À Chevreuse, lieu de passage du relais, je m’échauffe en attendant Arnaud. Je croise Laurent qui sautille partout et me fait des gestes obscènes : il a retrouvé sa motivation car il semblerait que Denis soit passé devant Arnaud. Aïe, comment est-ce possible ? J’espère qu’il ne s’est pas blessé. Non, l’animal a juste décidé de nous handicaper un peu en allant cueillir des champignons ! 8 minutes de retard sur le relais de Bertrand, j’espère que ses 2 autres relayeurs n’ont pas tous son niveau :)

Relais 2 (Chevreuse – Auffargis) – 19km – Nicolas DUHAIL


Arnaud D. a fait son maximum pour nous mettre en galère : désormais à moi de jouer pour essayer de combler le trou, et passer le relais à Arnaud M. dans les meilleures dispositions possibles. Devant moi, il y a 2 relais et un solo, Thomas BENICHOU. Je reprends un relais assez rapidement, à la sortie de Chevreuse, mais je sais que le premier est loin.

J’imprime un rythme élevé pour tenter de me rapprocher au plus vite, je ne sais pas si c’est une bonne stratégie, je vais sans doute le payer à la fin de mon relais. Au bout de quelques kilomètres, je commence à avoir Thomas en visu, c’est bon signe. Je le reprends dans une descente un peu technique, ce n’est pas son point fort ;)

Bon, plus qu’un concurrent à rattraper (dont je ne connais pas le niveau), mais surtout, je veux prendre de l’avance sur Laurent. Il est parti juste derrière moi, et je sais qu’Hadrien ira sûrement plus vite qu’Arnaud M. sur la dernière portion. Si l’équipe ACCRORUN finit devant nous, on va en entendre parler pendant des années :)…. Autant s’épargner cela…. ;)

J’ai clairement choisi le deuxième relais car c’est le plus joli, et qu’il présente le maximum de dénivelé : et oui c’est ça l’avantage de connaître le parcours ! Sous le soleil, c’est encore mieux, même si la boue est encore bien présente à cause de la météo des semaines précédentes. Après 8 kilomètres environ, je rattrape enfin le premier coureur, dans une belle côte. Je lui souhaite bon courage en le dépassant, maintenant je n’ai plus qu’à prendre de l’avance ! Facile à dire.

D’habitude, quand je me retrouve en tête d’une course, j’ai le choix dans ma gestion de course : je peux en garder un peu sous le pied si je pense que c’est nécessaire. Là, ce n’est pas le cas : je dois conserver mon rythme pour donner un maximum d’avance à Arnaud M. Heureusement que le parcours est varié et ludique, ça me permet de changer un peu de rythme au gré des côtes et des descentes. Je relance en haut des bosses, chaque seconde peut être déterminante. Enfin je reconnais la Sablière d’Auffargis, où Arnaud m’attend, prêt à en découdre !

Le point de vue d’Arnaud DETHOREY :

Avec 8′ de retard, personne n’était vraiment serein, mais je savais que les équipes normalement constituées avaient mis leur meilleur relayeur sur le premier relais (le plus long), sauf nous. J’avais donc relativement confiance en Nico pour mettre une bonne bastos et remettre l’église au centre du village sur ce deuxième relais. Il ne nous a pas déçus. Je lui passe le relais avec 8′ de retard, il le rend avec 8′ d’avance 😁.

Le point de vue d’Arnaud MENARD :

Il a tout donné durant les 19 km pour compenser le petit détour champêtre d’Arnaud D. mais surtout pour me permettre d’avoir un maximum d’avance pour le 3ème relais.

Relais 3 (Auffargis – Rambouillet) – 11km – Arnaud MENARD

Bientôt mon tour. Je m’échauffe mais pas trop, je ne veux pas me fatiguer. La pression monte. Nico avait 8′ de retard quand nous l’avons quitté et nous ne l’avons pas revu. Le 1er coureur arrive, c’est Nico, il est devant… C’est mon tour. Je prends le dossard. Ça commence par une côte et après ce sera tout plat. Nico reste avec moi. Je suis à fond, il est en récupération. Il parle avec les bénévoles alors que je suis à bout de souffle. Il me met la pression.  « Dis-toi qu’Hadrien (3ème relayeur d’ACCRORUN) est à 1′ derrière toi ».

Lors d’un changement de direction, je regarde derrière. Le coach me dit qu’il faut regarder devant. C’est lui qui surveille… Je donne tout, c’est compliqué dans la boue et beaucoup plus aisé sur le sec. Au bout de 40′ de course pour moi, il m’annonce « allez encore 20′ ». Moi, j’ai une montre et elle me donne 9 km de faits, il me reste 2 km… J’aperçois Arnaud D. au bout d’une ligne droite. C’est bon signe. Nous entrons ensemble sur l’hippodrome. Le sol est meuble.

C’est dur… Je lève un peu le pied et le coach (encore lui) me dit : « Je n’ai pas forcé sur mon relais pour que tu te la coules douce sur la ligne d’arrivée, allez, jusqu’au bout… ». J’obéis, du mieux possible ;-).
Je suis super content d’avoir tenu 11 km en 48′ sur un trail ! YESS !!! Nous passons la ligne d’arrivée tous les trois avec le commentaire de Pascal au micro qui a passé une partie de la journée avec nous à suivre la course.

Le point de vue de Nicolas DUHAIL :

Auffargis, point de passage du dossard à Arnaud M. Je viens de faire 20 bornes à vive allure, mais je pense être capable de le suivre sur son relais. Le but étant de l’encourager au maximum, et en même temps de faire une belle sortie longue. Les premières minutes sont très dures : j’ai besoin de récupérer de mon relais. Je m’accroche tant bien que mal en attendant que ça aille mieux. Lorsque j’ai enfin récupéré mon souffle, je peux commencer à jouer mon rôle de coach/supporter pour booster Arnaud.

Je me retourne de temps en temps pour contrôler si quelqu’un revient, étant donné que je ne connais pas les écarts. J’essaye aussi d’indiquer au mieux le balisage à Arnaud, qui est concentré sur son effort. Moi je profite à fond sur cette partie du parcours qui a été modifiée. Félicitations à Arnaud qui n’a rien lâché pour nous offrir la victoire : un plaisir de le voir lever les bras sur la ligne.

Le point de vue d’Arnaud DETHOREY :

J’avais plein de compassion pour Arnaud. J’avais déjà vécu ça à Annecy l’an dernier et je sais que lorsqu’on prend le dernier relais en tête, on se dit jute que l’on ne peut que faire perdre l’équipe alors que c’est gagné. En plus avec mes 8′ de retard et ne connaissant pas son avance au 3eèe relais, il pouvait se dire que cela allait revenir derrière.

Le pire de tout pour lui était que Nico était reparti avec lui sur son relais. Je lui faisais confiance pour lui mettre la pression 😁. Après avoir attendu 8′ après le passage de Nico et n’ayant vu personne je savais que c’était gagné (à moins qu’Hassan Chadhi ne prenne le dernier relais concurrent), mais Arnaud n’avait pas cette information :)



Conclusion

Nico : Après ma victoire sur le solo il y a 2 ans, je suis heureux de partager cette année la victoire avec mes 2 collègues. Tout le monde s’est surpassé pour remporter la victoire. L’organisation était nickelle, la météo était top, et on repart avec de la bonne bouffe du terroir : que demande le peuple ?

Arnaud : C’est mon 1er podium et en plus sur la 1ère marche. Je remercie Arnaud D. et Nico pour cette aventure.
PS : Le coach a dit qu’il fallait faire d’autres podiums à compter de ce jour !!!

Arnaud : Pour la victoire c’est dans la poche, le tout est maintenant de retrouver le train qui mène à la capitale….