Mon semi Défi de l’Oisans par Agnès HERVE, partie II

du 20 au 25 Juillet 2013 – 22ème édition

8 étapes, 6 jours, 200 kils, 12 000m D+

 

Alors alors, la suite du récit (partie I ici), avec ses joies et ses peines, et toujours autant de partage ;)

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Mardi 23 juillet : 6ème étape : Pelvoux – La Chapelle en Valgaudemar – 48km et 3000m D+

5Nous en étions donc à mardi…. 5h du matin, le réveil sonne. On fignole nos sacs avec mes compagnons de chambrée, Jean Chris, Jean Pierre et Serge. Je file une paire de manchettes à Serge car il fait frisquet dehors et sa veste sans-manche risque d’être juste pour ce départ matinal. Petit déjeuner frugal pour ma part. De toutes façons, du fait de la chaleur, cela fait 3 jours que je n’arrive pas à m’alimenter correctement que cela soit pendant la course ou après. A 6h,. rendez-vous sur le parking devant le CAF pour prendre le mini-bus direction le départ, quelques kilomètres plus haut. En effet, l’organisation a décidé, en raison de la présence de nombreux névés au Col d’Aup Martin, de nous faire emprunter un itinéraire bis afin de rejoindre directement Le Pas de la Cavale. Cependant, l’épreuve du jour conservera son kilométrage et son dénivelé. En kilométrage total, le GPS annoncera 52 kils au lieu des 48 kils prévus.

Les départs s’échelonnent de 4h30 à 7h, avec mes compagnons de chambrée nous faisons parti de l’avant-dernier départ. Dans le minibus nous amenant au nouveau point de départ, le silence est roi. La tension est palpable. Heureusement que le Vosgien est là pour détendre l’atmosphère avec ses plaisanteries olé olé ;) Allez, 6h30 le départ est donné sur une petite route au milieu de nulle part, ou plus exactement en plein Parc des écrins, direction le Parking de la mine d’argent via une route, puis route forestière montante de 7 kilomètres. Je sais qu’il est fort possible que je mette la flèche au ravito de Pré-Chaumette si la descente s’avérait trop douloureuse pour le genou, donc je décide de me faire plaisir en montée, en profitant du lever du soleil et des paysages grandioses. Avec Jean-Chris, et Jean-Pierre juste derrière, on boucle les 7 kilomètres de montée roulante à 11.5 kil/h. Aucune douleur à déplorer, trop bon ça!

6Le temps d’enlever les manchettes, et c’est parti pour la première ascension de la journée, direction le Pas de Cavale. Jean-Chris a pris un peu d’avance, et Jean-Pierre est juste un peu derrière. J’ai peur de le ralentir et lui propose de passer devant, mais il refuse galamment. Je relance en courant dans tous les portions moins pentues. C’est vraiment le pur bonheur. Oui, la définition du bonheur par excellence. Finalement, il ne faut pas grand chose pour être heureuse. Des montagnes, cavaler tranquille, des paysages à vous couper le souffle et partager cela avec les copains! A ce rythme là, la première partie de l’ascension est vite bouclée. On a eu le plaisir de croiser Caro et Alex, Lolo, LE Seb, c’est vraiment sympa. J’ai rejoint Jean-Chris et nous sommes maintenant tous les deux au pied du Pas de la Cavale… à jardiner! Jean-Pierre nous rejoint et à trois, nous trouvons enfin le chemin qui nous mène vers la seconde partie de l’ascension. Il faut dire que nous sommes seuls au monde! On serpente dans le schiste et les névés, c’est magique. Notre avancée est toujours aussi rythmée et, très vite, on atteint le Col… C’est juste splendide. D’ici, on devine déjà Pré-Chaumette dans la Vallée.

Arfff, le sourire disparait vite de mon visage, la descente ne me dit rien qui vaille. Jean-Chris part devant et se transforme vite en petit point bleu. je ne le reverrais plus, ou bien plus tard. Je décide de courir tant que la douleur au genou est supportable. Quelques bonnes 5 minutes de descente à vitesse d’escargot et Jean-Pierre me talonne maintenant. Le genou ne suit plus. Je laisse passer, marche pendant une longue minute avant d’essayer de reprendre la course. Un bonjour à Isabelle que je double et qui me repassera vite après, ayant pris la décision de faire ce qu’il me restait de descente – bien la moitié quand même, c’est long!!! –  en marchant. Si je veux avoir une chance de profiter des trois aux cols de la journée, autant ménager le genou. Je m’attends à voir revenir Adélaide dans les minutes qui suivent mais à mon grand étonnement, j’arrive à Pré-Chaumette avant que la miss me rattrape. Elle a choisi de faire durer le suspens et de réserver cela pour la dernière descente menant à La Chapelle en Valgaudemard la filoute!

Pré-Chaumette, je retrouve Marie et Christophe qui tiennent le ravito. Marie me demande ce que je fais. Le genou a un peu morphlé mais bon, sérieux c’est trop beau ce qui nous attend. On se reposera demain ;) Christophe, a la gentillesse d’aller m’acheter deux cocas pour remplir mes bouteilles tandis que Marie me fait le plein d’eau. Un doliprane et ça repart en plein cagnard cette fois, la fraicheur du petit matin ayant maintenant laissé place à un soleil resplendissant.

9Je pars du ravito quand Romain arrive avec son maillot rouge. Le sentier serpente, la montée est agréable. Mais, mais mais, qui voilà? Hop hop hop, mine de rien, d’un pas léger trottant dans la montagne alors que toi tu as juste du mal à marcher, le coin coin! Petits encouragements mutuels et hop là, je le vois disparaitre et se transformer à son tour en point bleu tout là haut! Je me dis que Gus ne devrait pas tarder à en faire de même. Juste le temps d’échanger quelques mots avec ma copine Chloé qui a la méga forme, le temps d’une tite photo et d’un bisou et le Goéland des montagnes fond sur moi! Oui, parfaitement, un goéland, ce Gus. Avec des grandes enjambées et des bras interminables (euh prolongés des bâtons c’est l’effet que cela donne), il avale le denivelé en deux temps trois mouvements, tantot sur le chemin, tantôt droit dans la pente. C’est juste magnifique à regarder. Ce gars là m’épate! Quelques mots échangés ici encore et c’est reparti vers le Col de Valette. Romain est juste derrière. J’espère le voir revenir vite, histoire qu’on découvre la suite des réjouissances à deux. Mais non! C’est seule que je ferais la bascule, puis les deux montées descentes qui suivent avant d’aborder la montée finale du Col de Vallompierre que j’aime particulièrement.

Comme pour la descente de Pré-Chaumette, j’ai choisi de marcher dans les parties les plus risquées pour le genou afin de le préserver pour la descente finale. Le Col de Vallompierre est vite avalé. Je crois avoir aperçu Jean-Chris et Jean-Pierre à quelques enjambées, mais je ne me fais pas d’illusion vu qu’après, il n’y a plus que de la descente jusqu’à l’arrivée, 17 kilomètres de descente pour être précise. Je prends le temps d’admirer le panorama au sommet et d’échanger quelques mots avec deux randonneuses parties de Pré-Phaumettes et rejoignant La Chapelle, comme nous. Après ces quelques minutes à profiter de tout cela, il faut bien que je me lance dans la descente. Cette première partie, je sais que je peux la faire en courant sans trop de douleur, au moins jusqu’au Refuge!

P1140741Yes, c’est chose faite! Je m’interroge quand même. Je m’attendais à voir revenir Romain, les garçons du groupe de 7h, Nico et Luca, et Adelaide et roger que je sais beaucoup plus à l’aise que moi dans la descente. Mais personne. Je commence à paniquer quand même un peu. Encore une spéciale du chef? Je m’arrête jeter un œil sur le Road book. C’est sans équivoque, refuge de Vallompierre – Chapelle en Valgaudemard. C’est bien là, je connais. Je demande – on ne sait jamais, avec moi heing ;) – à des randonneurs pour plus de sécurité. c’est bien là! Ouf!

Refuge de Vallompierre, tout va bien… sauf que je suis à sec! Plus de compote et plus assez d’argent pour m’acheter deux cocas pour remplir mes bouteilles. Je n’avais pas pensé qu’un coca en refuge demande un peu plus de monnaie. Normal pourtant, pas simple de monter tout ça là haut! Mais il sera dit que je pourrais compter sur ma bonne étoile ce jour! Au refuge de Vallompierre, un groupe de randonneurs profite du soleil et du paysage pour faire leur pause repas. Parmi eux, un coureur de montagne, qui vient vers moi, me félicite et me demande si j’ai besoin de quelque chose.Mon sauveur! Euh… ce serait abuser quand même… euh… Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, je me retrouve flanquée de 2 pompotes et de deux cocas, ma bouteille d’eau se remplit comme par miracle et c’est, on ne peut plus reconnaissante et sous une ovation qui me fait rougir que je repars affronter la descente direction La Chapelle.

P1140721Je gère comme je peux, alternant marche et course pour soulager le plateau tibial dès que la pression est trop grande. Ca descend, descend, descend! Je suis toujours seule. Bizarre quand même! Enfin la route : la route des cascades, magnifique route, ceci dit en passant. j’entends parler devant! Trop chouette : Jean- Chris et Jean-Pierre! On va pouvoir terminer ensemble! Mais ils me disent qu’ils sont cuits et après un ravito express, je repars pour les 5 derniers kilomètres de bitume ralliant le camping de la Chapelle. 5 kilomètres passent, et toujours pas de village en vue. Une spéciale du Chef sur la route! Euh quand même ce serait grave la honte! Je commence à paniquer comme toujours dans ces cas là. J’hésite à déranger Marie Line. Euh…. Je tente… ça sonne… elle me confirme que je suis sur la bonne route. machuer, encore plus de 2 kils sur ce bitume brulant qui fracasse le genou, va falloir serrer les dents. … Mais ça y est! Yess, l’arrivée! Quelques mots échangés avec Gus et Coincoin qui sont arrivés depuis belle lurette. Coincoin m’indique le ruisseau que je m’empresse de rejoindre pour calmer l’inflammation… Puis douche, puis massage…

Cela aurait été une belle journée si quelques méchantes rumeurs ne m’étaient pas arrivées aux oreilles. Bah oui, c’est que, contre toute attente, j’ai remporté la course chez les femmes, alors que je n’avais pas fait l’étape de rando neutralisée la veille. De là à penser que j’avais simulé la blessure, il se peut que… Rumeur qui se confirme lorsque Marie-Line demande à me parler et m’annonce une heure de pénalité de ce fait au classement général. Pour être honnête, à ce moment, je ne réalise pas trop. De toutes façons dans ma tête, j’avais prévu de faire l’impasse sur l’épreuve du lendemain que je sais éprouvante en terme de descente technique. Les bruits continuent à courir, c’est dommage car ceux qui me connaissent savent que ce n’est vraiment pas mon état d’esprit. Aujourd’hui, j’ai fait ma course, sans penser au classement – d’ailleurs vu le temps pris sur quatrième étape avec nos 9 kilomètres en radeau, dos de chameau, byciclette et roue e voiture, parce que finalement on n’a pas voulu se cacher dans le coffre de maryse ;) –  avec Seb, parler, ou même pense à – de podium me semblait être un non-sens total – en essayant d’oublier ce foutu genou le temps qu’il me permettait de le faire. J’ai partagé de bons moments avec mes compagnons d’échappée, puis à discuter, au ravito, au Col puis au refuge. Alors oui, cela m’a fait extrêmement plaisir de renouer, le temps d’une étape, avec la victoire, et cela redonne confiance, surtout au vu des conditions, sans entrainement et diminuée – mais de là aller imaginer que j’ai pu pense à tricher… j’avoue que j’en suis énormément affectée sur le coup. Je prends le soin, tout de même, d’aller m’excuser auprès de Manue, puis Adélaide. Passons.

Repas en compagnie de Coincoin, Gus et Nico…sans oublier Stéphane. Bah oui, Stéphane quoi! Pffff, il faut suivre!. On discute on échange, une superbe soirée!

Idiotement, je décide de prendre le départ le lendemain, surement par réaction puérile, je l’avoue. Pourtant je savais que cela n’allait pas le faire. Mais bon je suis bête dans ces cas là, mais bon….

24Mercredi 24 juillet : 7ème étape : La Chapelle en Valgaudemar – Valsenestre – 31km et 2800m D+

Je me lève une heure plus tot histoire de prendre le petit dej avec Alex. Je retrouve Chloé qui a l’air aussi en forme que moi ce matin… Oui, ma belle, on aurait du rester couchées!

7h, le départ sur 5 kils de route en faux-plat descendant. Comme d’hab j’allonge le pas pour tester le genou. Hum ça va pas le faire, mais pas le faire du tout. Le truc très très enquiquinant, c’est que j’ai dans mon sac la crème anti-frottement d’alex et que je luis avais promis de lui redonner quand je le rattraperai. L’objectif est simple, le rattraper et lever le pied après. Ouai bah c’était présumer de mes forces. Le genou ne tiendra pas, la faute aux centaines de milliers de pierres qui jalonnent le chemin, même en montée, les traitresses! La messe est dite, je mets la flêche. Sauf que le sommet est encore à 6 kilomètres, interminables! Et…. je ne trouve pas de mots pour qualifier la descente… Je mettrais 2h15 pour rallier le désert et encore, je limite la casse, grace à yves qui me prend sous son aile et m’attend tous les 10 mètres. Merci infiniment. Le Ravito, enfin!!! Je me posera sur une chaise, le temps que la douleur s’estompe, avec la ferme intention d’en rester là. Mais les minutes, et les heures passent et j’ai juste envie de finir l’étape. Je veux repartir avec les derniers, mais on me fait comprendre que c’est vraiment idiot. Ce sera la fin du défi de l’Oisans pour moi. Je partage tout ça avec Coco et Chloé mes compagnes de mésaventure du jour… Vivement la bière…

Jeudi 25 juillet : 8ème étape : Valsenestre – les 2 Alpes) – 20km et 2000m D+

17Après une soirée et nuit agitées, j’aurais souhaité quand même finir cette étape à la marche en partant avec le premier groupe afin de ne pénaliser personne. Mais pour des raisons d’organisation, cela ne sera pas possible. J’irais donc avec mes copines Marie et Chloé au ravito de Bourg d’Arud pour encourager les coureurs. Puis, direction les 2 Alpes via les oeufs. On voit les coureurs évoluer sur le chemin en dessous. Ça donne juste envie…

Voilà… ce demi-défi de l’Oisans prend fin avec ce récit. Il signe également la fin de saison pour moi. Pour mettre toutes les chances de mon cotés, j’ai pris la décision avec le coach, de ne pas aller à cham cette année. Ce sera la première fois en 5 ans. Je vais retrouver ma montagne la semaine prochaine, histoire de quelques courtes randonnées qui me sont permises et l’appareil photo à la main. Never ever give up….

Un gnever-give-up-frogrand merci aux bénévoles aux petits soins tout au long de ces 6 jours. Merci pour tous ces moments de partage! Merci pour ces amitiés nouvelles ;) Ca vaut bien une tite bière en compagnie des copains : Serge, Jean-Michel, Nono, Le Roger, Jean-Pierre, Patrick, toute la bande quoi! Puis rebière avec Marie, Gus, Stéphane et Caro et LE Seb! Voilà voilà voilà… Ca c’est fait….. et plus à faire! Enfin si, à refaire, et donc rendez-vous l’année prochaine sans faute pour faire le tour complet cette fois!

                       

               Agnès

Ah! J’oubliais la réponse…Ne pas avoir de piles dans sa lampe frontale… je vous ai déjà dit qu’il fallait suivre… je parle du comble du comble pour l’organisateur de la Saintélyon… Mitch, sans rancune ;)