2019 au TOP, en route pour 2020, Agnès DUHAIL

Thomas Balabaud : « Voilà plus de 10 ans que Team Outdoor existe, Bravo ! Comment fais-tu pour arriver à gérer le magasin, ta team, ta vie perso, tout en restant au top niveau ? »

Je m’entraine 😉. Plus sérieusement, je me rappelle d’une anecdote à ce propos. Quand j’étais sur le point d’ouvrir TEAM OUTDOOR, je suis allée voir Raymonde de La Boutique Marathon pour le lui dire. Parce que Raymonde c’est mon mentor. LA femme qui a excellé dans le milieu de l’entreprenariat de la course à pied par excellence. Je l’estimais beaucoup et nous nous connaissions étant donné que j’allais acheter toutes mes chaussures chez elle depuis mes 10 ans. Elle m’avait tout d’abord félicitée puis avertie que ce serait beaucoup plus difficile de continuer à trouver le temps pour m’entrainer. Je crois que dans ma tête je me suis dit que j’allais relever le défi. De toutes façons, la compétition est en moi depuis toute gamine. Cela fait partie de moi.

Et par ailleurs, je reste persuadée que TEAM OUTDOOR ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui si je ne continuais pas à courir et à m’aligner sur des compétitions comme je le fais. Nos clients nous font confiance également pour les valeurs qu’on représente sur le terrain ; Alors, c’est clair que travailler 50h par semaine tout en s’entraînant 12h par semaine sans compter les transports, ce n’est pas simple. Il y a des fois où aller m’entrainer est la dernière chose dont j’ai envie. Je n’y vais pas forcément d’ailleurs ! J’ai un mari qui m’épaule beaucoup, au magasin comme sur le plan sportif. Nous partageons beaucoup ensemble sportivement parlant ce qui aide aussi. Le reste est une question d’organisation, d’adaptabilité et de motivation.

Jonathan Duhail : « Tu as réalisé cette année ton rêve sportif. Qu’est-ce que tu prévois pour l’année prochaine après ça? »

Oui effectivement, cela faisait 11 ans que je voulais faire le duathlon de Zofingen et c’est année j’ai réussi justement à me donner les moyens de pouvoir le faire. J’ai de nouveau suivi un plan structuré après 4 ans à m’entraîner seule. Pourtant, la préparation a été quelque peu chaotique pour des raisons professionnelles et de santé. Entre mi-avril et fin juin, je n’ai pratiquement pas pu m’entrainer. J’ai failli tout annuler même si j’étais inscrite depuis le 1er janvier 2019. Et finalement j’ai décidé d’y aller en considérant cette édition comme une prise de repères pour l’année 2020. Je partais dans cette optique de prendre le départ juste pour finir, sans regarder le chrono sans me donner d’objectif de temps.

Et en réalité, j’ai vécu cette course comme dans un rêve. Sans voir passer le temps. En profitant sans jamais douter même quand j’étais physiquement dans le dur, surtout sur les premiers kilomètres de vélo. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vécu de telles sensations de flotter et un tel épanouissement sportif. Et en plus le chrono n’est vraiment pas dégueu et j’ai eu le droit à la troisième place de la course OPEN. L’année prochaine, comme prévu, je remets cela. Cette fois, si tout se passe bien avec un objectif de chrono. J’ai un autre rêve sportif, mais d’abord Zof et après on verra.

Julie Auffray : « Si tu devais décerner la palme de la meilleure ambiance parmi toutes les courses de ton année, à quelle course reviendrait-elle et pourquoi ?« 

Comme je le disais plus haut, je n’ai pas couru beaucoup cette année. J’ai dû annuler quelques dossards pour des raisons de santé et des raisons pros. Notamment le week-end TEAM, qui remporte souvent la palme d’or niveau ambiance. Rendez-vous l’année prochaine. Le duathlon de Zofingen restera mon plus beau souvenir également en termes d’ambiance. Le format y est très propice. Les premiers kilomètres de course à pied se font sous forme de 2 boucles avec beaucoup de spectateurs. Il faut dire que ce sont les Championnats du Monde de duathlon longue distance ! Les 150km de vélo se font sous forme d’une boucle à faire trois fois avec deux belles côtes et pas mal de spectateurs pour encourager. Les « hop hop hop » nous accompagnent tout le long. Et c’est pareil pour les derniers 30 kils de cap, 6 boucles en aller-retour où tout le monde se sourie, s’encourage, les « hop hop hop » sont omniprésents malgré les conditions météo assez exécrables cette année !

Renaud Vincent : « As-tu vécu des moments plus intenses en tant que manager de la Team ou personnellement en tant que coureuse ? »

C’est certain que lorsqu’un de mes athlètes fait une belle perf et que je le vois s’épanouir sportivement et aller chercher un gros truc, alors je surkiffe ! Je me rappelle de la troisième place de Jonathan aux France de trail court à Saint Martin de Vésubie ou de la victoire de Nico sur l’Ecotrail 80. Je leur faisais tous les deux l’assistance et je dois avouer que j’étais aussi heureuse que si j’avais moi-même réalisé la performance. A contrario, quand je n’ai pas vu Nico arriver sur la Maxirace sur laquelle je lui faisais l’assistance et que j’ai appris qu’il était blessé, j’ai été beaucoup plus inquiète et déçue pour lui que si cela m’était arrivé.

Pour autant, les émotions les plus intenses furent vécues en tant que coureuse sur Chamonix. En 2010 en traversant le centre-ville pour rejoindre la ligne d’arrivée de l’UTMB, édition spéciale raccourcie courue après une nuit blanche en attendant le départ de la TDS sur laquelle j’étais inscrite initialement. 2h30 du matin. Les rues étaient bondées. Ils attendaient tous la 3ème femme et première française. J’avais la brésilienne Fernanda MACIEL aux trousses. Elle revenait fort dans la descente de la Flégère dans laquelle je me suis cassée la figure au moins 20 fois ! Le centre-ville, tous ces gens, toutes ces mains tendues, tous ces applaudissements. Puis, la place de l’amitié avec tout ce monde, le micro, les journalistes. Je suis rarement arrivée en pleurant mais je dois dire que là, l’émotion a été la plus forte.

Nicolas Duhail : « Quelle est selon toi la plus grosse perf réalisée par un(e) athlète du Team depuis que tu l’as créé ? (Tu peux en citer plusieurs si tu hésites !)« 

Pour moi, le marathon reste l’épreuve reine de notre sport (avec les cross), alors je dirais la perf d’Adrien GUIOMAR sur marathon en 2.21, je trouve cela vraiment très fort. Je pense que ce record de la team n’est pas prêt d’être battu. J’espère qu’il va se faire plaisir sur son prochain marathon et aller chercher le sub 2.20 comme il est vraiment capable de le faire. J’ai parlé précédemment de la troisième place de Jonathan sur les France de trail derrière Cédric FLEURETON et Julien RANCON. La victoire et la seconde place de Nico sur l’Ecotrail 80. La victoire de Benoit GANDELOT sur la Sancy-Puy de Dôme est aussi une excellente performance.

Enfin, vu que la question s’adresse plus à la manager TEAM qu’à l’athlète, je peux, sans paraitre manquer de modestie, citer mes trois podiums sur une course de l’UTMB en 2009, 2010 et 2012. Les détracteurs diront qu’il y a prescription ou alors que le niveau de l’époque était moins élevé mais bon, mine de rien, il y avait des noms comme Fernanda MACIEL, Juliette BLANCHET, Kim GAYLOR Lizzy HAWKER… C’est pas mal quand même non ?

Agnès Duhail pour elle-même : « Comment fais-tu pour essayer de conserver cette motivation pour aller t’entrainer après 30 ans de CAP et des résultats qui baissent inexorablement avec l’âge?« 

En variant de disciplines. C’est une raison pour laquelle j’ai décidé d’arrêter le trail. J’ai repris le duathlon. J’essaie de toujours apprendre. De toujours essayer de progresser sur tel ou tel domaine. Après, très clairement, les séances de piste où tu vois tes chronos dégringoler ne sont pas vraiment mes amies. Ce n’est franchement pas évident à gérer mentalement et j’ai eu une ou deux années assez compliquées moralement parlant.

Benoit Gandelot : « On a pris l’habitude de retrouver toute la Team sur une grosse course du printemps (Guerlédan en 2018, Annecy en 2019), tu remets ça cette année ?« 

Alors, si la question s’adresse à la manager TEAM, oui évidement si vous me suivez, on remet cela cette année. Pour moi, ces week-ends sont très importants pour la cohésion du groupe, le partage également avec nos clients sur place, pour nos marques partenaires puisqu’on y réalise le shooting photo et sportivement parlant, vu qu’on y fait toujours de beaux résultats. Arriver tous en jaune, ça claque et ça fait parler du TEAM. Cette année ce sera à Besançon. Et à titre d’athlète, j’espère pouvoir y participer cette année contrairement à l’an passé. Même si je ne fais plus de trail, il y a toujours une distance sur laquelle j’arrive à m’aligner pour partager ce beau week-end au sein de ma TEAM. A ne pas avoir seulement cette casquette de manager TEAM mais également me sentir appartenir à ce groupe sportif en tant que coureuse.

Edouard Dupas : « Qu’est-ce qui te motive le plus dans ton rôle de manager du Team ?« 

Avec monsieur POLI

Je reprends donc cette casquette de manager team pour finir et répondre à cette question. J’ai la chance d’avoir finalement plusieurs métiers : acheteuse, vendeuse, webmaster, manager d’une équipe au magasin, manager du Team Athlètes. J’aime toutes ces facettes. Ce que j’aime le plus dans celle de manager TEAM c’est le fait de voir mes athlètes s’épanouir, de voir les marques partenaires contentes, de voir les clients à fond derrière nous. J’essaie de faire en sorte que chacun y puise de l’énergie positive afin de se réaliser sportivement parlant. J’essaie également d’être présente dans les moments difficiles traversés.