Le TOP sur la première marche du podium au Trail du vieux Lavoir avec Matthieu BOURGUIGNON


Trail du vieux Lavoir, 35 kms et 630mD+, dimanche 21 juin 2015, Morainvilliers (78)
 par Matthieu BOURGUIGNON du Team Outdoor Paris


19Voila un trail que je ne connaissais pas et auquel j’ai décidé de participé un peu au pied levé comme ça parce que plusieurs amis y participent et m’encouragent à les accompagner.  L’idée est surtout de faire une course un peu roulante après m’être focalisé sur du technique depuis le début de l’année. En effet, après avoir pris part au Tchimbe Raid en Martinique puis au trail des Maures à Collobrières, qui ne sont pas vraiment des trails qui se courent à vive allure, j’ai envie de voir si les jambes peuvent encore tourner à plus de 10km/h de moyenne sur une course.

Un petit tour sur les résultats des années précédentes histoire de vérifier les moyennes des premiers pour se rassurer sur le fait que ce trail est roulant, et je constate que le vainqueur de 2013 n’est autre que Jonathan Duhail, je vais donc pouvoir lui demander plus précisément de quoi il retourne. Même si le parcours a été rallongé de 5km, le profil doit être sensiblement le même.

22Me voila donc sur la ligne de départ avec dans la tête l’idée de partir à minima pour un podium. La place m’importe peu mais j’ai envie de monter sur la boite, et puis je sors ma nouvelle tenue Team Outdoor pour la première fois et j’espère qu’elle me portera chance. Pour la victoire on verra car il y a toujours quelques gars costauds qui viennent sur ces courses mais ça paraît tout de même beaucoup plus abordable que lorsque tu te retrouve à côté de gars comme Andy Symonds sur la ligne. Je reconnais juste une tête, celle de Gilles Prugnaud qui nous avait battu Pierre et moi il y a 2 ans sur le Maxicross. Nous n’étions pas en grosse forme à ce moment là mais il va falloir se méfier un minimum et surtout ne pas craquer.

8h30 précise, le départ est donné. On attaque par une grimpette pas trop violente mais suffisamment pentue tout de même pour que personne ne cherche à partir trop vite. Sans le chercher spécialement, je me retrouve en tête de course au bout de 100m. Je n’appuie pas spécialement mais très rapidement, nous ne sommes plus que 3 devant avec Gilles légèrement en retrait. Au 5ème kilomètre que nous passons en un peu moins de 20’, nous ne sommes plus que 2 et à la faveur d’un virage en épingle j’aperçois Gilles qui doit être à environ 1’30.

20Par contre, j’ai l’impression de faire la course seul, mon acolyte du jour ne prend absolument aucun relais et je n’ai aucune idée de si il se promène ou de si il s’accroche. Toujours est-il que quitte à courir à 2, autant discuter un peu et faire connaissance. 5’ plus tard, je sais donc que je cours avec Bertrand, qui ne fait que du trail mais a gagné quelques courses dont le trail des cerfs, le trail du lavoir (et oui il y a pas mal de lavoirs dans le coin…) et que donc il y a peu de chances qu’il craque tout de suite en restant sur un rythme bien régulier comme celui que nous avons pris. D’un autre côté, l’écart se creuse avec les poursuivants que je n’aperçois désormais plus en me retournant.

La stratégie est donc définie, je ne veux surtout pas craquer et puisque je mène seul depuis les premiers mètres, autant vraiment ne m’occuper que de moi, j’attendrais donc les 10 derniers kms pour voir si je peux accélérer. Je m’amuse à durcir un tout petit peu le rythme en côte et dans les descentes mais il reste scotché et ne perd pas le moindre centimètre.

Le parcours est relativement roulant et nous maintenons une allure que j’estime suffisante pour gratter un peu de temps sur les poursuivants et assurer à minima une deuxième place. Le décors est vraiment agréable et avec la température très agréable qui règne ce dimanche, les conditions sont parfaites pour prendre beaucoup de plaisir à arpenter ces sentiers que je connais absolument pas.

21Je prends un des deux gels GU que j’ai embarqué pour l’occasion un peu avant l’heure de course et profite du parcours. Nous sommes toujours sur une moyenne qui s’est stabilisée à 14,5km/h et je calcule rapidement que Jonathan puis Sylvain Mouquet qui avaient gagné les précédentes éditions avaient bouclé les 30kms en 2h02-2h03. Je suis donc sur des bases quasi identiques pour 5km de plus et il n’y a pas de raisons d’accélérer. Les kilomètres défilent assez vite et je prends le temps d’avaler mon deuxième gel au bout d’1h45 de course. En me basant sur un chrono de 2h30 environ je devrais avoir assez d’énergie pour boucler la course.

Une des portions ajoutées cette année se situe aux alentours du 23ème km, c’est une traversée de champ avec des herbes non coupées sur environ 1km. L’organisateur nous a prévenus au début de faire gaffe à nos chevilles sur cette portion mais j’avoue que ce qui était usant était surtout ces herbes à hauteur de taille (hauteur de menton pour un Thomas Benichou du coup) dans lesquelles nous nous emmêlions en tentant de progresser. Il faut donc fournir un gros effort ici pour garder le rythme et pour la première fois j’enrage un peu que mon acolyte soit toujours bien calé dans ma foulée sans daigner prendre le moindre relais.

Au sortir de ce chemin, je regarde mon gps et constate que nous sommes au 25ème km au niveau duquel je pensais hausser le rythme. Et bien ça va attendre un tout petit peu le temps de récupérer de l’effort fourni à l’instant et de jauger la forme du collègue.  C’est finalement un peu plus loin que je me décide à relancer. Je me sens toujours aussi bien et en discutant avec Bertrand, il me dit qu’il trouve que j’avance quand même fort et lorsque je lui dis que je ne suis pas encore sur de finir sur ce rythme, il me répond qu’il est certain que je vais tenir car j’ai une foulée souple et absolument pas marquée par la fatigue !!!

18C’est le signe que j’attendais, non pas que ça me rassure sur mon état car je sens pertinemment que j’en ai encore sous la semelle et n’ai pas besoin de me le faire confirmer. Mais tous ceux qui m’ont déjà vu courir savent que j’ai une foulée de m***e et que même au bout de 100m, il est impossible de considérer ma foulée comme souple… C’est désormais pour moi évident, il n’est plus lucide, il ne pense plus correctement, le manque de sucre sans doute, ce n’est plus le moment de trop réfléchir, il reste 8km environ et je vais monter sensiblement le rythme à partir de maintenant.

A peine repassé sur un rythme de plus de 15km/h qu’il décroche, je ne me retourne pas et continu mon effort dans la descente qui suit dans laquelle je vois mon gps passé sous les 3’10/km. A peine en bas, je me retourne et là, plus personne, stratégie payante et en plus je suis toujours plutôt bien. Comme quoi tout se joue à peu de choses, si j’avais été un athlète avec une vraie belle foulée souple, je ne me serais jamais aperçu du craquage de mon adversaire et aurais sans doute vécu un finish bien plus tendu.  Je passe au 30ème km en 2h05 et me dis que ça aurait plus que largement suffit à assurer un podium les années précédentes mais il en reste encore 5 à faire.

23Ces derniers kilomètres ne sont pas particulièrement difficiles mis à part un coup de cul d’une cinquantaine de mètres mais la difficulté réside désormais dans le fait que nous ayons rejoins les parcours du 21 et du 10 qui partaient respectivement 1h et 1h30 après le 35. Et si j’ai été suffisamment rapide pour arriver avant les premiers du semi, je vais sur ces 5 derniers kilomètres devoir doubler tous les concurrents qui vont mettre plus de 56’ à parcourir le 10km ce qui représente une partie non négligeable des engagés. Je perds dans l’histoire mon ouvreur VTT qui n’arrive pas à doubler dans ces derniers singles que nous arpentons ce qui me vaut une arrivée quasi anonyme sur la ligne puisque le speaker guettait un vélo…

Une petite interview rapide et j’attends le second qui arrive 4’ plus tard un peu rincé, il a eu du mal à terminer. Gilles arrive en troisième position à une dizaine de minutes. Mes amis qui s’étaient élancé sur le 21km arrivent à leur tour et nous attendons patiemment la remise des prix. Chose assez rare pour être précisée, mon gps annonce 35,00km. Je crois que c’est la première fois que ça m’arrive sur une course que d’avoir au mètre près la distance annoncée.

Bien content des sensations en tout cas pour mon retour sur ce format de course qui finalement ne me convient pas si mal. Et puis un podium c’est toujours bon pour le moral et même si la concurrence n’était pas énorme, il faut faire la course et rien n’est écrit à l’avance. Une petite pensée aussi pour un coureur qui s’est échoué après la ligne d’arrivée et que j’ai dépanné en coca pour qu’il reprenne des couleurs. Il portait un ts jaune du Team Outdoor et avait le même nom de famille que le vainqueur du trail du Sancerre qui s’est couru la veille.

 Matt