David MATHIEU

Team Outdoor Paris – LAFUMA, Ile de France

david 1Pour 2013, nous avons proposé à une personne extérieure de passer un an au sein du TOP. Quatorze personnes ou groupes de personnes, ont alors émis le souhait de partager cette expérience. C’est David MATHIEU qui a été choisi par l’ensemble des membres du TOP. Avant de passer à sa présentation via le jeu maintenant classique des 13 questions / 13 réponses, quelques mots de la part de toute l’équipe. Nous vous remercions sincèrement pour l’enthousiasme dont vous avez tous fait preuve pour cette idée. Nous avons pris un réel plaisir à lire vos présentations, anecdotes et aventures.

Merci infiniment pour votre confiance. ….. Le jury a voté (connaissant tout le monde, personnellement, je n’ai pas souhaité participer au vote). Chaque membre du TEAM donnait un trio, 3 points étaient attribués au premier, 2 points au second et 1 point au troisième.

 1.    Peux-tu te présenter en quelques lignes pour celles et ceux qui n’ont pas encore la chance de te connaitre?

J’habite à Paris depuis la nuit des temps. Marié avec Anne qui partage ma passion de la course à pied, de la montagne et du Trail,  j’ai 46 ans, trois enfants dont deux ados. Je suis Directeur des Systèmes d’Information d’une enseigne de distribution centenaire qui opère dans le secteur de la mode… J’ai commencé à courir très tardivement. Bien que longtemps licencié en Judo, en football puis en tennis, je pratiquais le sport de façon dilettante, comme une activité contingente.

J’ai découvert la course à pied par hasard, lors d’une randonnée à VTT dans les Alpes, à la fin du Printemps 2009. Lorsque j’ai compris que l’on pouvait courir en montagne comme on descend à ski, j’ai ressenti une brève morsure. Le poison à infecté tout mon corps et tout mon esprit. J’ai depuis enchaîné les kilomètres et les courses, sur route parfois et surtout les trails qui constituent ma principale motivation pour courir et m’entraîner assidument.

Contraint par ma « vie urbaine », je m’exerce principalement le soir sur les chemins du bois de Vincennes, j’enchaîne les aller-retours sur les courtes bosses du parc des Buttes Chaumont ou d’interminables footings face au soleil levant, le long du canal de l’Ourcq; Je fuis le week-end vers les grandes forêts qui ceinturent l’Ile de France de Buc à Montmorency et surtout à Fontainebleau dont j’aime la douceur du sable, les odeurs de pin et parfois de lavande. J’habite Paris mais mon cœur vit en montagne, à Argentière ou à Chamonix. Dès que j’en ai l’occasion, je m’exile vers les Alpes pour y courir, y skier ou plus simplement y marcher pendant des heures…

 2.    Ton plus beau souvenir de course en 2012?

J’aime courir en montagne au dessus de la cime des derniers arbres et avoir la sensation de m’envoler et de toucher le ciel. Mes plus beaux souvenirs sont ceux de courses sur les crêtes ; la descente depuis le Plomb du Cantal sur l’Oxygen Challenge au Lioran ou celle de l’aiguillette des Posettes sur le Marathon du Mont-Blanc.

Il y a aussi la Grande Course des Templiers. J’avais été contraint à l’abandon l’année précédente. Cette année, bien que je sois parti en queue de peloton et que doubler sur les single tracks des Causses est un exercice difficile, j’ai pris beaucoup de plaisir sur ce parcours que j’ai couru « en dessous ». La descente sur Millau fut un vrai bonheur. Je dévalais la pente comme on le fait à  ski. J’adore cette sensation de glisser et de slalomer entre les arbres.

3.    Ton plus mauvais souvenir de course en 2012?

david 2Mon plus mauvais souvenir en 2012 est probablement celui du Marathon de Paris. Il faisait froid et un vent glacial balayait la capitale. J’étais fiévreux et j’ai longtemps hésité à prendre le départ. Je n’ai pris aucun plaisir, la course me semblait interminable. Mes jambes étaient lourdes comme des gourdins de bois et j’avais l’impression de transporter dans mon estomac un énorme sachet de billes en plomb. Il n’y a pas un kilomètre de course pendant lequel je n’ai pas songé à m’arrêter.

A chaque minute qui passait je sentais mon objectif s’éloigner. Je ne cours habituellement pas très vite (je visais 3h15) mais là, c’en était dramatique. Je me suis fait violence  pour aller jusqu’au bout malgré tout car, au-delà du temps, je me suis imaginé que cette expérience pourrait me resservir sur ultra : La longue distance est un travail dentaire; il faut savoir serrer les dents quand on est dans le dur ; et j’ai là sans doute gagné quelques points.  J’ai finalement terminé ce Marathon en 3h40.

4. Une anecdote à partager?
 
Je suis parti sur le Marathon du Mont-Blanc avec deux autres amis. Aucun n’avait couru de Trail en montagne et l’un d’entre eux, bien qu’il ait déjà quelques marathons à son actif,  avait une forte propension à mourir d’épuisement au milieu de nos sorties longues en forêt. Nous avions un doute certain quant à sa capacité à achever la course d’une part et à ne pas se faire rattraper par une barrière horaire d’autre part. Une fois la ligne d’arrivée franchie, j’ai attendu quelques minutes que mon premier camarade me rejoigne puis nous avons décidé, pétris de certitudes, qu’il ne servait à rien de geler plus longtemps sur le plateau glacé de Plan-Praz, et qu’il valait mieux que nous patientions dans un café de Chamonix.

Nous attendrions là l’appel du troisième; il nous dirait au niveau de quel ravitaillement il avait abandonné et nous irions alors le récupérer en voiture comme je l’ai parfois fait lors de nos sorties en Ile de France. Anne, ma femme a insisté pour que nous restions encore un peu, arguant que cela ne se faisait pas de laisser tomber un ami. Je répondais que ce n’était pas une question d’amitié mais d’expérience et de physiologie, et nous sommes redescendus. Nous sommes allés nous réfugier dans un des cafés qui bordent la place de l’église. A peine avions nous commandé notre incontournable demi de fin de course que mon portable sonnait.
 
C’était Fred, il venait d’atteindre l’arrivée et se demandait où nous nous cachions. J’étais submergé par la honte. Mon ami que j’avais traîné dans cette aventure, avait réussi et je n’avais pas crû un seul instant qu’il puisse finir une telle course. Il ne nous en a pas tenu rigueur, la beauté des paysages et la joie de recevoir sa médaille ‘finisher’ suffisait à son bonheur. Ce fut pour moi une leçon : quand on forme une équipe on doit avoir une confiance indéfectible en ses partenaires, on ne doit jamais les abandonner ni cesser de croire en eux. Je saurai m’en souvenir !

5.   Ce que tu emportes sur chacune de tes courses ?

 Je ne me sépare pas de ma montre Garmin.Je passe mon temps à mesurer, à calculer, à vérifier, l’heure, la vitesse, l’altitude, le cardio. Je devrais à l’avenir veiller à courir plus «naturellement»; à écouter davantage mon corps et mes sensations, mais c’est plus fort que moi, ma montre me rassure.

6.    Et 2013 alors, comment l’envisages-tu?

david 3Bien avant que j’apprenne mon intégration au TOP, j’étais résolu à faire de 2013 mon année de bascule vers l’ultra-trail. Je ne suis plus suffisamment jeune pour faire des chronos sur des distances inférieures ou égales au marathon, particulièrement sur route, et j’ai acquis la conviction qu’il est bien plus aisé de faire un kilomètre de plus qu’une minute de moins. J’ai également constaté, au gré des courses, que j’étais peut-être bien meilleur grimpeur que coureur et que je gagne plus de temps sur les pentes raides que sur les longues lignes droites. J’ai donc prévu d’allonger la distance de mes courses en 2013 et de m’aligner chaque mois sur de jolies épreuves qui cumulent quelques milliers de mètres de dénivelé. L’acmé de mon année devrait se situer fin août au pied du Mont-Blanc sur la CCC.

7.   Quel est le plus important pour toi quand tu prends le départ d’une course?

Pour moi l’épreuve c’est l’entraînement, la récompense c’est la course. Être au départ ce à quoi j’ai dû me préparer pendant des semaines est un pur moment de bonheur. Je sais que ces plaisirs sont éphémères et qu’ils ne dureront pas éternellement alors j’en savoure chaque minute. Je choisis mes courses pour leurs parcours, la beauté des paysages traversés et l’ambiance qui les entoure. Le départ d’un trail doit-être pour moi comme le début d’un voyage…

8.   Le TOP (Team Outdoor Paris) pour toi?

Faire partie d’une telle équipe, c’est un rêve inattendu; c’est comme si on offrait à un joueur qui frotte le banc d’une équipe de troisième division départementale d’aller s’entraîner avec Manchester. Courir la CCC sous la même bannière que Agnès qui a dominé la TDS cet été ça a de la gueule, non ? Je ne connaissais Guillaume, Benoît, Laurent, Stéphane, Eric et les autres qu’à travers leurs palmarès; partager des expériences avec eux ou avec Matthieu qui termine 11ème du GRR, c’est une chance incroyable.

 9.   Une Photo ?

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cette photo a été prise par un pote lors de ma toute première sortie en montagne, à Wengen, au pied de l’Eiger.

10.  Une personne que tu admires?

Je pourrais citer Anton Krupicka parce c’est un coureur et qu’il a l’air d’un homme libre. Haruki Murakami aussi. C’est d’abord un auteur merveilleux et il sait ce que courir veut dire. Il l’a d’ailleurs parfaitement décrit dans un court essai (autoportrait de l’auteur en coureur de fond). Réussir à exposer notre passion à ceux qui y sont étrangers, c’est là l’expression d’un véritable talent.

 11.  Tes fêtes de fin d’année?

En famille, chez moi, à Paris.

12. On te donne rendez-vous en 2013, quelle sera ta prochaine course?

Je serai sur la Romeufontaine (40km/1600d+), le 20 janvier à Font-Romeu. Je n’ai jamais vraiment couru sur la neige mais croyez bien que je vais me défoncer pour mériter ma place au sein du team.

13.  un petit mot pour terminer?

MERCI. Je voudrais remercier Agnès et tous les membres du TOP de m’avoir accueilli parmi eux. Je voudrais aussi remercier Anne, ma femme, d’accepter avec bienveillance de me voir courir aussi souvent et aussi longtemps, de m’accompagner dans certaines de mes sorties et de partager mes rêves de montagne et de Trails.

 
 
 David